«Concorde», «coalition», «pacte républicain». Au lendemain des élections régionales, droite et gauche abordent tous le même discours : celui du rassemblement. Mais tous ne s'accordent pas sur la forme que celui-ci pourrait prendre, ni sur les objectifs qu'il doit se fixer. Alors que la plupart des élus socialistes et du parti Les Républicains semble d'accord pour désigner le Front national comme ennemi commun, tous n'ont pas la même vision de la forme que pourrait prendre cette «concorde».
Jean-Pierre Raffarin est l'un des premiers, lundi, à déclarer publiquement son envie de travailler main dans la main avec le gouvernement sur certains points, tels que le chômage. Invité sur BFM TV, le sénateur Les Républicains justifie cette proposition en assurant que «le Front national est un adversaire commun». «Nous l'avons battu ensemble lors des élections, il faut le battre ensemble dans l'action.»
Dans la soirée, c'est au tour du Premier ministre de proposer de réunir «régulièrement» l'ensemble des présidents de région, notamment pour améliorer les politiques en matière d'emploi. Invité au 20 heures de France 2, Manuel Valls précise que pour enrayer la progression du parti de Marine Le Pen, «il faut changer d'abord les comportements». «Le gouvernement se doit de travailler avec tous les présidents de régions sur l'emploi, la formation, la révolution numérique, l'apprentissage, sans distinction» d'étiquette politique.
Dès mardi, plusieurs élus Les Républicains répondent à l'appel du Premier ministre. Laurent Wauquiez, fraîchement élu à la tête de la région Auvergne-Rhône-Alpes, reconnaît sur BFM TV qu'il n'est pas contre l'idée de «travailler avec le gouvernement» sur le chômage. Mais le député LR ajoute un bémol : il «n'est pas favorable à ce qu'on dilue la politique dans un espèce de ventre mou» et refuse de placer tous les partis «dans une même tambouille».
Le même jour, la députée EE-LV Cécile Duflot lance dans une interview au Monde un appel au gouvernement pour créer une «coalition de transformation». Mais la forme que pourrait adopter cette coalition divise les élus de droite comme de gauche.
Alors que le patron du Medef, Pierre Gattaz, décide lui aussi de prendre position sur la question, le président de la République accepte une invitation jeudi à l'inauguration d'un monument dans le Pas-de-Calais. Aux côtés de l'élu Les Républicains Xavier Betrand, arrivé en tête aux élections régionales. Signe d'ouverture pour certains, simple symbole pour les autres, l'événement créé autour du Monument des fraternisations de Neuville-Saint-Vaast est largement suivi par les médias. La poignée de main a beau être brève, elle n'échappe pas aux objectifs.
Quelques heures après, François Hollande donne une conférence de presse au Conseil européen, à Bruxelles. Une nouvelle occasion pour le chef de l'Etat d'insister sur le message qu'il veut à tout prix faire passer : «Ce qui compte, et c'est l'esprit qui est le mien, c'est de faire en sorte qu'autant que possible le dialogue puisse s'ouvrir et notamment avec l'opposition lorsqu'elle a des propositions à faire.» En un mot, répéter sans relache durant plusieurs jours, «la concorde, pour l'intérêt du pays».