En France, un remake en 2017 de la présidentielle de 2012, avec en lice au premier tour Hollande, Sarkozy, Le Pen ou encore Mélenchon, est un scénario crédible. Et si Alain Juppé devait représenter la droite, la donne serait la même. Pendant ce temps-là, un peu partout en Europe, de jeunes leaders semblent jaillir, bousculant le jeu politique dans leur pays. Loin d’un David Cameron en Angleterre ou d’une Angela Merkel en Allemagne, ils s’appellent Pablo Iglesias (Podemos) ou Albert Rivera (Ciudadanos) en Espagne, Aléxis Tsípras (Syriza) en Grèce, mais aussi Matteo Renzi (Parti démocrate) en Italie. De quoi filer un sacré coup de vieux à notre «classe politique», à la fois peu représentative et encore largement squattée par des mâles blancs au mieux grisonnants.
Si la question de l’âge n’est pas anodine, celle du renouvellement est ô combien plus structurante. Combien de jeunes déjà vieux gravitent dans les cabinets ministériels ou parmi les attachés parlementaires, ces pouponnières à élus où la consanguinité reste souvent de mise ? Au-delà du rajeunissement, pas inutile au pays du cumul des mandats et du mandat à vie, l’enjeu est d’abord celui de la régénération. En cela, les exemples espagnols et grecs diffèrent : alors qu’Iglesias a d’abord été porté par un mouvement social «made in société civile», loin des institutions, Tsípras a eu bien davantage le parcours d’un apparatchik. Mais l’un comme l’autre ont porté l’ambition d’un dépassement partidaire et réussi à capter la contestation et le rejet des élites, dans des pays plus durement touchés que la France par la crise puis la recette austéritaire de la troïka. Chez nous, au-delà du contexte, c’est le Front national et non le Front de gauche qui carbure le plus à la contestation du «système», à la logique du «coup de balai». Et c’est aussi le FN, plus que n’importe quelle autre force politique, qui apparaît comme une source de renouvellement avec ses candidats plus jeunes que la moyenne avec sa tête de gondole Marion Maréchal-Le Pen, 26 ans et députée depuis 2012.
Pour les partis politiques, a fortiori les plus importants, il y a urgence à ne plus être des clubs d'élus qui s'incrustent jusqu'à ce que les électeurs, souvent tard, finissent par dire stop. A part Lionel Jospin en 2002, quittant la vie politique après avoir conduit la gauche à son pire séisme électoral sous la Ve République, quel responsable politique français a-t-il pris ses responsabilités après un échec majeur à une élection ? Tel Ed Miliband, candidat travailliste défait face au Premier ministre conservateur, David Cameron, et qui a quitté le devant de la scène. Pas Nicolas Sarkozy, François Hollande ou Jean-Luc Mélenchon. Pas plus Marine Le Pen, défaite en Nord-Pas-de-Calais - Picardie et déjà candidate incontestée à la prochaine présidentielle. Quand ils le peuvent, les élus FN cumulent comme les autres. Et la mise à l'écart de Jean-Marie Le Pen n'avait rien à voir avec une quelconque volonté de rajeunissement. Enfin, si ses candidats sont plus jeunes et moins professionnels de la politique que la moyenne, c'est d'abord parce que la dynamique électorale du parti d'extrême droite lui permet d'attirer les jeunes ambitieux avec ses postes à offrir. Plus facile quand on a moins de sortants que ses concurrents. Au PS, les roustes électorales reçues depuis le début du quinquennat, celle des régionales ayant été la moins violente, doivent être l'occasion d'une régénération. Pas évident dans un pays où on a coutume de reconduire les perdants. Et où le fait d'avoir vécu une traversée du désert apparaît presque comme un atout pour remporter une présidentielle.