Menu
Libération
On rembobine

Déchéance de nationalité : ils étaient contre

Dès le 16 novembre, lors de l'annonce par François Hollande devant le Congrès de la mesure, de nombreuses personnalités de gauche s'étaient prononcées contre la mesure. Florilège de leurs diverses interventions.
Emmanuelle Cosse, le 23 septembre. (Photo Marc Chaumeil pour Libération)
publié le 23 décembre 2015 à 13h03

Manuel Valls l'a confirmé mardi : le gouvernement a décidé d'étendre le champ de la déchéance de nationalité à tous les binationaux condamnés pour terrorisme, après de nombreuses hésitations. Depuis son annonce par François Hollande lors du congrès du 16 novembre, cette mesure fait polémique à gauche.

Sur la question de l'efficacité, Manuel Valls a lui-même indiqué à la sortie du conseil des ministres que la mesure était symbolique. Devant quelques journalistes, il déclarait que «ça ne dissuade aucun terroriste de se faire sauter».

Début décembre, Jean-Christophe Cambadélis, secrétaire national du Parti socialiste, déclarait que cette idée «n'était pas une idée de gauche», mais qu'elle avait été reprise à la droite par le président. «Nous avons toujours pensé que ça posait un problème et que ce n'était pas ça qui réglait le problème», notamment vis-à-vis du terrorisme.

«Scandaleux et inquiétant», pour Emmanuelle Cosse

Au sein même du gouvernement, Christiane Taubira a déclaré la veille à la radio que la déchéance de nationalité pour les binationaux «pose un problème de fond sur un principe fondamental qui est le droit du sol, auquel je suis profondément attachée, et qui est, dans l'histoire de la construction de la communauté française sur une base civique, un pilier fondamental».

«C'est scandaleux et extrêmement inquiétant»répondait Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts, au lendemain du discours du président au Congrès. «Si nous faisons ça, nous tombons exactement dans le piège que veut nous tendre Daech. Ce serait inefficace voire contre productif pour lutter contre le terrorisme, car cela installerait l'idée qu'il y a un problème avec les personnes qui ont une double nationalité»poursuivait-elle.

André Chassaigne, président du groupe Front de gauche à l'Assemblée, s'inquiète dans une tribune à Libération que «la mesure préconisée instaurerait de fait des catégories de Français». Ce ne serait «rien de moins qu'une victoire idéologique pour les terroristes djihadistes comme pour l'extrême droite», continue-t-il.

Dans une tribune publiée mercredi matin dans Libération, le professeur de droit public Paul Cassia, alertait sur «les implications symboliques particulièrement graves au regard de la tradition républicaine» de l'extension aux binationaux «nés Français» de la déchéance de nationalité.