Il était botaniste, environnementaliste plus qu'écologiste. Jean-Marie Pelt est mort, dans la nuit de mardi à mercredi, à l'âge de 82 ans des suites d'un infarctus. «Chapeau bas, c'était un grand naturaliste, un grand connaisseur de tout ce qui pousse sur terre et un grand vulgarisateur de la cause des plantes et du vivant», rappelle Jean-Paul Besset, cofondateur d'Europe-Ecologie. « Mais ce n'était pas un écologiste politique», poursuit le biographe de René Dumont. Si ce dernier fut le précurseur du mouvement Vert en se présentant à la présidentielle de 1974, Pelt, qui était biologiste, fut un écologue plus qu'un écologiste, c'est-à-dire un scientifique - il était agrégé de pharmacie - qui étudie les êtres vivants dans leur milieu.
Son naturalisme était apprécié des tenants de «l'écologie humaine» pour qui l'environnement est à la fois le produit et la condition de l'activité humaine, et donc de la survie de l'espèce. Chrétien et croyant, Jean-Marie Pelt plaisait beaucoup à toute une frange de catholiques pour qui respecter la nature, c'est respecter son créateur. Celle-là même qui a vibré à l'encyclique verte Laudate si du pape François au printemps. Du grand public, il était surtout connu pour sa participation à CO2 mon amour, l'émission de France Inter où il tenait une chronique depuis 2002.
Ce conteur était aussi un mini-phénomène de librairie : il est l'auteur d'une soixantaine de livres, la plupart avec des références aux plantes dans le titre. De Légumes d'ailleurs et d'autrefois, où il revient sur les bienfaits du chou chinois à son dernier opus où il se demande avec le sage décroissant Pierre Rabhi : «Le monde a-t-il un sens ?»
Enfin, Jean-Marie Pelt était un homme de l'Est. «Il fut parmi les premiers à pointer les dangers de l'amiante et plus tard des OGM, a indiqué Dominique Gros, le maire socialiste de Metz. Elu municipal et premier adjoint dans les années 70 Pelt a fait de la vile «le laboratoire d'une ville-jardin plus juste et plus harmonieuse.» Les Messins lui doivent le plan d'eau et la restauration du cloître des Récollets et de leur centre historique. «Il paraît chaque jour plus évident que la croissance économique ne se poursuit qu'au prix d'une décroissance écologique, tout comme une tumeur cancéreuse ne s'alimente qu'au détriment de l'organisme qu'elle épuise : dans les deux cas, le bilan final est désastreux», alertait-il dès 1977. Sorte de Bové ou de Hulot avant l'heure.