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La déchéance de nationalité, tout le monde en parle

Approbation de la droite, déceptions à gauche et Taubira appelée à démissionner. L'inscription dans le projet de réforme constitutionnelle de la déchéance de nationalité pour les binationaux divise la majorité.
Le Premier ministre, Manuel Valls, aux côtés de la ministre de la Justice, Christiane Taubira, mercredi 23 décembre 2015. (Photo Eric Feferberg. AFP)
publié le 24 décembre 2015 à 15h31

Le projet de révision de la Constitution présenté mercredi en Conseil des ministres a finalement retenu la déchéance de nationalité pour tous les binationaux condamnés pour terrorisme. Une nouvelle saluée par la droite, mais qui divise une fois de plus la gauche, y compris au sein du gouvernement.

Dès lundi, avant même qu'une décision ne soit prise par l'exécutif, de nombreux élus ont tenu à partager sur les matinales politiques leur opinion sur cette mesure. Annoncée par François Hollande lors du Congrès de Versailles le 16 novembre, l'extension de la déchéance de nationalité est loin de faire l'unanimité. Les élus de droite, à l'instar du député Les Républicains Eric Woerth, souhaitent en faire un symbole de la lutte contre le terrorisme. A gauche, plusieurs voix s'élèvent contre cette réforme, inquiètes du risque d'atteinte au droit du sol et aux principes de la République. C'est le cas notamment du ministre des Sports, Patrick Kanner.

Ce sont pourtant les propos d'une autre ministre qui créent une nouvelle polémique. Lors d'une visite à Alger, mardi, Christiane Taubira participe à l'émission L'invité de la rédaction de la Chaîne 3, une radio algérienne. Interrogée sur l'extension de la déchéance de la nationalité, la garde des Sceaux assure que «c'est un sujet qui va s'éteindre». Elle ajoute que «le projet de révision constitutionnelle qui sera présenté en Conseil des ministres» mercredi «ne retient pas cette disposition».

De nombreux élus réagissent aussitôt. Les frondeurs, à l'instar du député socialiste Pouria Amirshahi, saluent cette annonce. Un peu trop vite. Le Premier ministre convoque une conférence de presse mercredi midi, après le Conseil des ministres. Mais au lieu d'annoncer l'abandon de l'extension de la déchéance de nationalité aux binationaux, il assure que cette mesure sera maintenue dans le projet de réforme constitutionnelle.

Christiane Taubira, présente lors de cette conférence de presse, est interpellée par une journaliste sur ce qui est considéré comme un revirement. La ministre rappelle que «la parole dernière est celle du président de la République».

Manuel Valls assure de son côté que le texte sur la réforme constitutionnelle sera défendu par Christiane Taubira et lui-même «ensemble» devant le Parlement, affirmant que «chacun a droit à ses doutes, à ses interrogations, à ses questionnements». Mais la polémique enfle. Plusieurs élus conseillent à la garde des Sceaux de démissionner. Mais pas pour les mêmes raisons. A droite, ils l'accusent d'incarner le symbole des contradictions du gouvernement. A gauche, parce que «c'est une mesure aussi contraire à ses valeurs».