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Portrait

Monique Argoualc’h, 60 ans Un Robot et des partenariats pour «donner un rôle social» aux élèves

publié le 27 décembre 2015 à 19h31

Au forum, elle est un peu comme chez elle. C'est une habituée, qui a participé à presque toutes les éditions. «A chaque fois, je viens avec un nouveau projet, c'est la règle pour être invité», dit Monique Argoualc'h en riant. Elle a de longs cheveux gris soyeux et les yeux pétillants. Cette fois, elle vient présenter Nao : un robot - 57 centimètres, 6 kilos - que «[s]es gamins» ont passé un an à programmer. «J'aurais aimé l'apporter, mais en venant en train de Brest…»

Monique enseigne dans une «classe relais», destinée aux «collégiens en décrochage, âgés de 11 à 16 ans. Par définition, quand ils arrivent dans ma classe, c'est que les méthodes classiques n'ont pas fonctionné. Donc, il faut essayer autre chose.» Et surtout, leur redonner confiance en eux. Certains sont dans la fuite, d'autres repliés sur eux-mêmes. «J'essaie de les remettre en mouvement, de leur donner un rôle social pour qu'ils se sentent capables, et donc disponibles pour apprendre.»

A la retraite à la fin de l'année, Monique a une méthode éprouvée, «favoriser les rencontres improbables». Elle accompagne ainsi chaque semaine ses élèves dans une maison de retraite. Puis est venue se greffer à l'aventure Nao. Cette idée de robot trottait dans sa tête depuis un moment, sans savoir vers où aller, ni comment. Elle s'est alors rapprochée de l'école d'ingénieurs Telecom Bretagne. Depuis, ses ados décrocheurs travaillent main dans la main avec les étudiants ingénieurs.

Le projet : programmer Nao pour qu'il aide les personnes âgées à rester en contact avec leurs proches. Une main posée sur la tête de Nao, et hop, il envoie un mail au petit-fils pour son anniversaire (il y a d'autres variantes). «Ce projet nous a conduits à des débats philosophiques inattendus», raconte-t-elle. Comme quand ils ont voulu interviewer Nao. «Mais ça veut dire qu'on doit écrire les questions et les réponses ?» l'interpelle une élève. La réflexion s'est ainsi engagée sur le sens de «penser par soi-même». Les ados ont aussi écrit une chanson, avec ce premier couplet : «Je suis un élève pas comme les autres/ Je suis arrivé dans un carton/ Mais j'avais peur, il faisait noir/ Je suis sorti, je vois la vie réelle.»