Ses élèves ont 4 ans, et déjà, ils «babytweetent». Chaque jour, une phrase sur le réseau social à l'adresse des parents, et dont le sujet est soumis à débat. «Est-ce que l'on parle de la dernière bêtise de leur petit camarade ? Que vont dire ses parents ? Ils apprennent ainsi à savoir ce qu'on peut dire ou pas sur les réseaux sociaux», explique Philippe Guillem, «professeur de gommettes, mais pas que». Ils votent ensuite sur le sujet à traiter, avec des petites barres au tableau, puis des jetons de couleurs dans une urne. Et, en fin d'année, directement sur une tablette, via une application développée spécialement pour leur pomme par des élèves d'un IUT informatique voisin (pour les préparer au vote électronique, paraît-il).
Les bambins jouent également au piano. L'histoire ne dit pas s'ils jouent debout, mais ils jouent juste, sans aucune fausse note. Un miracle, possible grâce au «métapiano» mis au point par le concertiste Jean Haury. Cela ressemble à un piano miniature sauf que, quelle que soit la touche sur laquelle ils appuient, les notes jouées sonnent justes. Et pour cause : la partition est programmée à l'avance. L'enjeu, c'est de donner le bon rythme et de faire deviner aux petits ce qu'ils sont en train de jouer. «Ça les force à écouter, à faire attention à ce qu'ils sont en train de faire.» En début d'après-midi, pendant le temps de repos, quelques élèves jouent ainsi à tour de rôle, très doucement, pour «travailler leur interprétation». Ils utilisent aussi le métapiano lors de spectacles, avec «un orchestre pour de vrai. Ils endossent ainsi une responsabilité : s'ils s'arrêtent, plus de musique…» Le métapiano, une idée puisée, comme pour nombre de profs, sur son temps libre… Philippe collabore en effet à un laboratoire de musique acoustique. Il y puise plein d'idées, qu'il expérimente ensuite dans sa classe.