Le Premier ministre, Manuel Valls, a répondu ce dimanche à la gauche qui s'est sentie trahie par l'annonce de la décision d'introduire dans le projet de révision constitutionnelle post-attentats la possibilité de déchoir de leur nationalité française les binationaux condamnés pour des actes de terrorisme. Une mesure surtout préconisée à droite et au FN. «Une partie de la gauche s'égare au nom de grandes valeurs», a-t-il dit au Journal du dimanche, ajoutant qu'elle oublie «le contexte, notre état de guerre, et le discours du Président devant le Congrès». François Hollande avait effectivement annoncé cette réforme le 16 novembre, trois jours après les attentats de Paris, mais elle devait finalement être enterrée par le gouvernement, notamment à cause du malaise qu'elle provoque à gauche. C'était avant un revirement de dernière minute, mercredi.
Depuis, plusieurs responsables de gauche ont dénoncé une mesure «inspirée et soutenue» par l'extrême droite. Pour être inscrite dans la Constitution, elle doit encore être adoptée par les deux chambres séparément puis par une majorité des trois cinquièmes au Parlement, réuni en Congrès à Versailles. Comme le député PS Pascal Cherki, beaucoup ont déjà annoncé leur intention de voter contre. Même intention chez l'ancienne ministre EE-LV Cécile Duflot, selon qui, «à force de vouloir couper l'herbe sous le pied du FN, on risque d'appliquer son programme». L'ex-ministre de l'Education Benoît Hamon votera contre aussi car «c'est une question de valeur et de conscience». L'ancien leader écologiste Daniel Cohn-Bendit a, lui, évoqué «une erreur morale, une faute terrible». Julien Dray, considéré comme proche de François Hollande, a souligné de son côté «le risque d'une rupture avec la gauche militante».
Face à eux, Manuel Valls a déclaré au JDD : «La détermination est totale, nous irons jusqu'au bout. Et que chacun en soit bien convaincu.»