«La sécurité est la première des libertés.» L'expression, que le garde des Sceaux Alain Peyrefitte fut un des premiers à utiliser en 1980, est reprise le 19 novembre dans l'hémicycle par Manuel Valls. Dans la foulée, le Premier ministre précise : «C'est pourquoi d'autres libertés pourront être limitées.» En soi, rien d'étonnant : la formule est devenue un poncif dans le débat public depuis une vingtaine d'années. Mais cette fois, le gouvernement socialiste joint les actes à la parole. Le 20 novembre, le Parlement adopte la loi sur l'état d'urgence, désormais prolongé pour trois mois jusqu'à fin février. Un régime qui permet aux forces de l'ordre de mener des perquisitions administratives, donc sans contrôle judiciaire, dès lors que le «comportement» de la personne visée «constitue une menace pour la sécurité et l'ordre publics». Ce nouvel outil pour les services de police vient s'ajouter à une palanquée de nouveaux dispositifs sécuritaires : opération «Sentinelle» avec 10 000 militaires déployés dans le pays, loi renseignement promulguée en juillet, recrutement et moyens accrus pour la police et la gendarmerie. 2015, une année musclée.
Rétro 2015
Choc de sécurité : forces majeures et état d’urgence permanent
publié le 30 décembre 2015 à 17h32
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