Elles avaient déjà ouvert en janvier, pour écouter tous ceux qui étaient restés figés après les attaques de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher. Puis la France hagarde du 11 janvier a déversé son émotion dans les rues, la vie a repris et les cellules psychologiques ont fermé. Jusqu'au 13 Novembre. Dans l'urgence et la peur, elles ont repris du service. Quelques heures à peine après les premiers tirs, psychologues et psychiatres volontaires se sont relayés dans les mairies, les hôpitaux ou au téléphone pour aider les victimes à «remettre des émotions et des mots sur ce qu'elles avaient vu ou vécu», apaiser la «colère» des proches, écouter les récits «d'horreur, d'incompréhension, de rage» des médecins, policiers et autres professionnels sur le front. Les psys ont encaissé. Puis certains ont craqué. Comme cette bénévole qui, après avoir recueilli la tristesse des autres, a eu besoin de tout nous raconter. Bien sûr, d'autres psys ont écouté les psys. Les salles d'attentes, saturées, n'ont pas désempli. Et pendant qu'à Paris, l'onde de choc continuait de se propager, ailleurs, on regardait, incrédule, cette capitale encore un peu atone et effrayée.
Rétro 2015
Etat de choc : des psys au chevet d’un pays hagard
par Amandine Cailhol
publié le 30 décembre 2015 à 17h31
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