Jusqu'à preuve du contraire, le Journal d'Anne Frank, dans sa version originale en néerlandais, est aujourd'hui dans le domaine public. Et, comme promis, la députée du Calvados Isabelle Attard et le maître de conférences et blogueur Olivier Ertzscheid ont mis en ligne le texte malgré l'avis et les menaces du Fonds Anne Frank, bénéficiaire et gestionnaire des droits de l'œuvre (lire Libération du 30 décembre).
Le Fonds s'appuie sur le fait que la première version publiée en 1947 a été retravaillée (coupée surtout) par le père de l'auteure, mort en 1980, ce qui repousserait l'entrée dans le domaine public à soixante-dix ans après la mort de ce dernier, à savoir 2050. Isabelle Attard et Olivier Ertzscheid, n'en démordent pas. Pour eux, le Journal est bien tombé dans le domaine public ce 1er janvier. Constatant qu'ils n'ont pas l'intention de reculer, le Fonds sort de sa réserve et leur envoie par l'intermédiaire de son avocat des courriers d'intimidation. Peine perdue.
La suite de l’affaire se passera probablement devant un juge, qui devra statuer sur la validité des arguments du Fonds, car ceux du camp d’en face ont le mérite de relever de l’évidence : Anne Frank est morte il y a soixante-dix ans, en 1945, dans le camp de concentration de Bergen-Belsen, et son œuvre appartient aujourd’hui à l’humanité entière.