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Analyse

En Mai ou Juin Obtenir une baisse du chômage

Publié le 03/01/2016 à 20h01

Dans l'entourage de François Hollande, personne ne veut spéculer sur un autre scénario que celui de la baisse du chômage au cours de ce premier semestre. D'autant qu'en conditionnant sa candidature à une baisse «durable et crédible», le chef de l'Etat ne dispose pas aujourd'hui de porte de sortie.

Le 27 juillet, à l'occasion du dîner annuel de l'Association de la presse présidentielle, à Paris, Hollande s'était fait très précis. «C'est dans l'année 2016 que cette baisse crédible doit apparaître. Il faut qu'il y ait une baisse du chômage tout au long de l'année 2016», avait-il affirmé. L'enjeu étant, pour lui, de «faire diminuer le chômage suffisamment longtemps pour que ce soit suffisamment crédible».

Lors de ses vœux pour 2016, le Président a repris son antienne : «S'il y a un état d'urgence sécuritaire, il y a aussi un état d'urgence économique et social. La lutte contre le chômage reste ma première priorité.» Le 18 janvier, à l'occasion des vœux devant les forces vives au Conseil économique, social et environnemental, Hollande détaillera donc les mesures de son nouveau et dernier plan contre le chômage structuré autour de trois piliers : un plan de formation pour 500 000 chômeurs, une relance de l'apprentissage (lire ci-contre) et un plan d'aide à l'embauche calibré pour les PME, en allant «encore plus loin dans les baisses de charges», selon les mots de Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'Etat chargé des Relations avec le Parlement. Une semaine plus tôt, il aura annoncé des mesures pour généraliser le service civique (lire Libération des 2 et 3 janvier). Mais déjà, un ministre reconnaît qu'il n'y a rien de révolutionnaire en préparation : «A ce stade, les mesures emploi envisagées sont risibles. Ils veulent mobiliser les fonds de la formation professionnelle, ce qui pourrait concerner plusieurs dizaines de milliers de jeunes qui sortent des chiffres du chômage. Mais sur l'apprentissage, on a totalement instabilisé le système depuis 2012, et ça ne marchera pas plus rapidement cette année.»

Un poids lourd du gouvernement prend aussi ses distances : «Pour que la formation des chômeurs fonctionne de façon efficace, il faut impérativement l'aide des régions, sinon on n'y arrivera pas.» Et comme sept régions ont basculé à droite, il est devenu très compliqué pour le gouvernement de mobiliser l'opposition sur un objectif aussi décisif pour l'avenir de Hollande. Pour autant, le chef de l'Etat pourrait être sauvé par la conjoncture. Avec le petit retour de la croissance (autour de 1,1 % en 2015 et 1,5 % en 2016), l'exécutif a de bonnes chances de réussir son pari d'inverser pour de bon la courbe du chômage. C'est en tout cas le pronostic de l'Insee, dans sa dernière note de conjoncture. Après un coup d'arrêt au troisième trimestre 2015 et la création de 25 000 postes en fin d'année, la France en créerait 35 000 sur les trois premiers mois de 2016. Conséquence : ces créations d'emplois, supérieures à la hausse de la population active, conduiraient à une baisse du chômage. Le taux de sans-emploi passerait de 10,6 % aujourd'hui à 10,4 % mi-2016 (10 % en métropole). Une baisse (très modeste) qui ramènerait le chômage en France à son niveau… de mi-2015. Une petite amélioration qui permettrait à Hollande de se déclarer, mais pas d'éteindre les critiques de la droite (et d'une partie de la gauche) sur l'inefficacité de sa politique.