L'automobiliste qui a renversé le jour de l'an quatre militaires du dispositif «Sentinelle» en faction devant la mosquée de Valence (Drôme) a été entendu dimanche par un juge d'instruction. Son audition a eu lieu à l'hôpital, où il a été opéré après avoir reçu deux balles, l'une dans le bras et l'autre dans la jambe, tirées par les soldats. Le juge lui a notifié sa mise en examen pour «tentative d'homicide sur personnes dépositaires de l'autorité publique».
Deux jours après les faits, des questions demeurent. Les enquêteurs ont découvert que le suspect détenait «des images de propagande jihadiste» dans son ordinateur, comme l'a révélé le Dauphiné libéré, mais il s'agit d'«images qui peuvent être tout à fait trouvées par n'importe qui sur Internet», a expliqué le procureur de Valence. Il a aussi révélé que l'homme de 29 ans d'origine tunisienne, qui a grandi à Bron (près de Lyon), aurait crié «Allah est grand» en agressant les soldats.
Des éléments qui font planer des soupçons de motivations terroristes, mais elles n'ont pas été retenues à ce stade de l'enquête : le suspect était inconnu des services de police et, pour l'heure, il ne semble lié à aucun groupe terroriste. Aucune arme n'a été retrouvée, ni dans son véhicule ni à son domicile. Son passeport ne révèle que des voyages en Tunisie. La section antiterroriste a d'ailleurs décidé de ne pas se saisir du dossier. Le suspect est «pratiquant mais pas radical», a dit le procureur. Il «fréquentait la mosquée de Bron et occasionnellement [celle] de Valence», où vit sa belle-famille.
Aux secouristes, l'homme aurait déclaré qu'il voulait «se faire tuer par des militaires et tuer des militaires» car ceux-ci «tuaient des gens». Des propos qu'il a confirmés samedi aux enquêteurs. Ces derniers s'interrogent sur son état de «santé mentale», a indiqué le procureur.