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Justice

Valence : mise en examen de l'agresseur présumé des militaires

L'homme de 29 ans, qui avait foncé avec son véhicule sur quatre soldats en faction devant la mosquée de la ville, ne semble pas lié à un groupe terroriste. Les enquêteurs s'interrogent sur son équilibre mental.

La voiture qui a foncé sur les militaires à Valence (Drôme). (Photo Patrick Gardin. AFP)
Publié le 03/01/2016 à 14h26, mis à jour le 03/01/2016 à 19h01

L'automobiliste qui a foncé volontairement, le jour de l'an, sur quatre militaires du dispositif «Sentinelle» en faction devant la mosquée de Valence (Drôme), a été entendu ce dimanche après-midi par un juge d'instruction, à l'hôpital où il a été admis et opéré après avoir reçu deux balles, l'une dans le bras et l'autre dans la jambe, tirées par les soldats. A l'issue de son audition, il a été mis en examen pour «tentative d'homicide sur personnes dépositaires de l'autorité publique». Il devrait être placé «sous écrou, relevant de l'administration pénitentiaire», selon le procureur de Valence Perrin, «le privant d'une liberté de mouvements», avec deux agents pénitentiaires devant sa chambre d'hôpital, «et de visites».

Deux jours après les faits, des interrogations demeurent sur son profil et ses motivations. Les enquêteurs ont certes découvert qu'il détenait «des images de propagande jihadiste» dans son ordinateur, comme l'a révélé le Dauphiné libéré, mais il s'agit d'«images qui peuvent être tout à fait trouvées par n'importe qui sur Internet», a expliqué samedi le procureur de la République de Valence, Alex Perrin. Il  a également révélé que cet homme de 29 ans, d'origine tunisienne, qui a grandi à Bron (banlieue de Lyon), voulait «tuer des militaires». Il aurait aussi crié «Allah est grand»en agressant les soldats.

Dimanche, devant le magistrat instructeur, le suspect a été «en retrait» par rapport à ses déclarations initiales, affirmant n'avoir voulu que «renverser» les militaires. «Nous avons considéré que de toute façon la répétition de la charge (ndlr: avec une voiture à trois reprises), qui était de nature à pouvoir tuer les militaires, et puis l'expression qui a été la sienne d'une intention illicite, suffisent à caractériser une volonté de meurtres», a expliqué Alex Perrin.

«Un musulman pratiquant mais pas radical»

Si des éléments font planer des soupçons sur d'éventuelles motivations terroristes, ils n'ont pas été retenus comme tels, à ce stade, par les enquêteurs. Motif : le chauffeur du véhicule Peugeot 307 rouge (appartenant a son épouse) était inconnu des services de police, et il ne semble pas – en l'état des investigations – lié à un quelconque groupe terroriste. Aucune arme n'a été retrouvée, ni dans son véhicule ni lors d'une perquisition à son domicile après son acte commis le 1er janvier aux alentours de 14h30. Son passeport ne révèle que des voyages en Tunisie.

La section antiterroriste du parquet de Paris a d'ailleurs décidé de ne pas se saisir de ce dossier. Il n'y a pas «matière à retenir sa compétence en l'état des vérifications et des perquisitions», a indiqué le magistrat. Ajoutant que «le parquet de Valence reste donc saisi» dans cette affaire. L'homme est «un musulman pratiquant mais pas radical», a souligné le procureur, précisant qu'il «fréquentait la mosquée de Bron et occasionnellement la mosquée de Valence» où habite sa belle-famille.

Un acte solitaire

Aux secouristes, l'homme aurait déclaré qu'il voulait «se faire tuer par des militaires et tuer des militaires» car ceux-ci «tuaient des gens». Des propos qu'il a confirmés samedi aux enquêteurs qui ont pu l'interroger pour la première fois, après qu'il a subi, la veille, une intervention chirugicale. Deux jours après les faits, les enquêteurs s'interrogent sur son état de «santé mentale», a indiqué le procureur.

Samedi, 150 personnes se sont rassemblées à la mosquée de Valence en soutien aux militaires. L'affaire a suscité une vive émotion parmi la communauté musulmane. «Les responsables et fidèles de la mosquée de Valence sont profondément choqués par cet acte, indiquait, quelques heures après les faits, un communiqué signé par son imam, Abdallah Dliouah. Le dispositif et les soldats chargés de la protection de la mosquée sont appréciés des fidèles et nous dénonçons avec la plus grande fermeté cette agression contre ceux dont la mission est d'assurer notre sécurité», soulignait encore le texte.