Menu
Libération
Récit

Xavier Bertrand intronisé en Nord-Pas-de-Calais-Picardie

Au conseil régional du Nord-Pas-de-Calais-Picardie, à Lille, lundi. (Photo Aimée Thirion pour Libération)
ParHaydée Sabéran
(à Lille)
Publié le 04/01/2016 à 20h01

Sans surprise, Xavier Bertrand a été élu avec 100% des voix des 116 conseillers LR et UDI-Modem à la présidence du conseil régional Nord-Pas-de-Calais-Picardie, le Front national s'étant abstenu de présenter un candidat. Le retrait pour faire barrage au FN du candidat socialiste, Pierre de Saintignon, arrivé troisième au premier tour, aurait, selon le chef du groupe frontiste, «perverti l'élection, la faisant passer d'un scrutin proportionnel à un scrutin majoritaire».

«Plan d'urgence». Le nouveau patron de la région a promis aux entreprises de financer «une partie des charges» pour tout nouvel emploi créé, de tripler la prime à celles qui prennent des apprentis, et aux salariés une «aide aux transports» pour prendre en charge une partie des frais liés aux trajets en voiture, et baissera le nombre d'agents employés par la région. Il a aussi annoncé un «plan d'urgence» pour les éleveurs et producteurs de lait.

Il se fait dur quand il menace de demander aux conseils départementaux de couper les vivres des allocataires du RSA qui refuseraient deux formations de suite. Ce qui devrait faire plaisir à Jean-René Lecerf, le président du conseil départemental du Nord (ex-LR) qui avait estimé le 10 décembre pouvoir récupérer 3 millions d’euros dans son département en traquant la fraude au RSA.

Xavier Bertrand parle de «New Deal régional» et promet de «mettre du bleu au ciel», citant… Pierre Mauroy, l'ancien maire (PS) de Lille. Il a aussi rendu hommage aux deux socialistes des anciennes régions Nord-Pas-de-Calais et Picardie. Il a également surpris en annonçant que Dunkerque était candidate à une salle de sports géante. C'était le projet de Michel Delebarre, ancien maire PS de la ville, qui avait été en partie battu aux municipales de 2014 sur ce projet. Le nouveau maire divers gauche, Patrice Vergriete, a abandonné le projet et a dû payer de lourdes indemnités à Vinci pour avoir renoncé. Selon Franck Dhersin, conseiller régional LR du Dunkerquois, il existe bien un projet, mais limité à 6 000 places contre les 10 000 de l'arena Delebarre, et sans partenariat public privé (PPP). Xavier Bertrand souhaite aussi la mise en place d'une carte d'abonnement unique de transports, «une carte orange régionale, en somme» a-t-il dit.

Opéra. Lui qui avait dit qu'il démissionnerait de tous ses autres mandats, a avoué juste avant Noël à la Voix du Nord qu'il garderait celui de conseiller municipal de Saint-Quentin, pour rester président de sa communauté d'agglomération, «pour ne pas être hors-sol». A la fin de son discours, applaudi debout par la droite, quelques bravos ont fusé, comme à l'opéra, sous l'œil amusé de Marine Le Pen. Le FN, unique opposant, compte 54 conseillers. «L'opposition sera respectée», assure Xavier Bertrand, qui veut mettre en place «un débat large» et dialoguer chaque trimestre avec les élus du territoire, y compris la gauche évincée après son désistement républicain.

Le FN, par la voix de Philippe Eymery, président du groupe, a promis de voter toute proposition qui irait «dans le bon sens». Marine Le Pen n'a pas pris la parole dans l'hémicycle, sauf pour parler aux caméras pendant l'élection du président, notamment pour rendre hommage à Michel Galabru - lequel avait avoué à Libération en septembre avoir «peur des idées du Front national».