Les élections régionales passées, Marine Le Pen compte se consacrer à la préparation de sa prochaine campagne présidentielle. Mais la justice s'est également invitée dans son agenda : selon l'AFP, la présidente du Front national a été entendue lundi matin par les enquêteurs dans le cadre de l'affaire «Jeanne», et placée sous le statut de témoin assisté. Intermédiaire entre celui de simple «témoin» et de «mis en examen», ce statut peut, selon le code de procédure pénale, viser tout personne «contre laquelle il existe des indices rendant vraisemblable qu'elle ait pu participer, comme auteur ou complice, à la commission des infractions».
Un rebondissement qui aurait pu intervenir en pleine campagne régionale si l’ex-candidate en Nord-Pas-de-Calais-Picardie n’avait pas, l’automne dernier, refusé par deux fois de répondre à la convocation des juges d’instruction Renaud Van Ruymbeke et Aude Buresi.
Ces derniers ont ouvert une information judiciaire en avril 2014. Ils suspectent le microparti Jeanne, lié à Marine Le Pen, d’être au cœur d’un système de financement frauduleux, impliquant du matériel de campagne conçu par la société Riwal, et dont l’achat était très fortement recommandé par le FN à ses candidats. Les juges envisagent que le prix de ces kits ait pu être surévalué. Les candidats frontistes pouvaient ensuite souscrire un prêt auprès de Jeanne pour les acheter.
Si ces soupçons se vérifiaient, le dindon de la farce serait l'Etat, qui rembourse les dépenses électorales avec de l'argent public. L'affaire a déjà entraîné dix mises en examen, dont celles d'un vice-président et du trésorier du FN, ainsi que celle du Front national - pour «recel d'abus de biens sociaux» et «complicité d'escroqueries» - et de Jeanne eux-mêmes, en tant que personnes morales. Les juges soupçonnent également ces partis d'avoir été illégalement financés par Riwal via des aides financières ou en nature, comme la mise à disposition gratuite de locaux ou d'employés ou des facilités de paiement. Des accusations dont se défend le FN, qui dénonce une «persécution judiciaire» à son endroit.