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Analyse

Les écolos retournent à la ni-niche

Ne pouvant pas trancher sur la stratégie présidentielle et les alliances avant leur congrès prévu en juin, les dirigeants d'EE-LV reprennent l'antienne traditionnelle de «l'indépendance» du mouvement.

Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d'EE-LV, à Paris le 13 décembre. (Photo Loic Venance. AFP)
Publié le 08/01/2016 à 18h11

Retour aux fondamentaux pour les écolos. Vendredi, à l'occasion des vœux de son parti devant la presse, Emmanuelle Cosse a plaidé pour une «réaffirmation de [l']indépendance» de son mouvement, «que ce soit vis-à-vis du PS ou de l'autre gauche». «Ni Hollande, ni Mélenchon. Simplement écologiste» pourrait être son slogan. «Nous ne sommes pas un supplément d'âme, nous sommes une force politique», a ajouté la secrétaire nationale d'Europe Ecologie - Les Verts (EE-LV) qui s'efforce de vouloir «recréer du lien avec la galaxie écologiste française». Ce que, justement, étaient censés faire Les Verts quand ils ont mué en «Europe-Ecologie» après les européennes de 2009 et régionales de 2010.

Un cycle politique plus tard, les fondations du parti écologiste sont à nu, le bilan dramatique. EE-LV a perdu plus de la moitié de ses eurodéputés, près de 200 conseillers régionaux. Le mouvement a connu deux hémorragies d'adhérents : d'abord de militants n'avalant pas les compromis inhérents à la participation gouvernementale; ensuite de cadres partants, dans le sillage de Jean-Vincent Placé et François de Rugy, pour quelques places aux régionales sur les listes socialistes et fatigués d'une opposition quasi-systématique à François Hollande et Manuel Valls de la part de leurs camarades. Il y a cinq ans, le mouvement s'était mis en tête de pouvoir supplanter les socialistes comme première force de gauche. Aujourd'hui, il est contraint de lancer une souscription pour boucler son budget alors que pointe la présidentielle, élection la plus difficile pour eux.

Phase de glaciation

On pourrait croire que les écolos comptent tout reprendre à zéro. Prêts à tirer les enseignements de stratégies électorales illisibles - là tout seul, là avec tout ou partie du Front de gauche… Vendredi, Cosse a admis une année 2015 «très compliquée» avec des résultats «décevants». Mais qu'on ne s'y trompe pas : si la direction d'EE-LV veut solidifier ses bases écologistes, c'est parce que le mouvement entre en phase de glaciation. Difficile de bouger avant le prochain congrès prévu en juin. La stratégie pour la présidentielle ? Décision au congrès.

L'opportunité d'une primaire de «l'alternative» ou de «toute la gauche» pour y inscrire un candidat ? Décision au congrès. Un retour au gouvernement ? On voit mal comment la direction actuelle pourrait se prononcer sur cette question avant ce même congrès : les plus fervents partisans d'une entrée dans un gouvernement Valls ont quitté le parti et les débats sur l'inscription de la déchéance de nationalité dans la Constitution, tout comme une éventuelle prolongation de l'état d'urgence, tiennent naturellement EE-LV à distance de Hollande. Tout en les enfermant dans une impasse politique. Pour les écolos, ce retour aux fondamentaux est donc bien plus un refuge qu'une prise de risque vers la sortie de crise.