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Les anti-aéroport mènent une opération escargot sur le périphérique nantais

A la veille d'une audience au tribunal, les opposants au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes demandent l'arrêt des procédures d'expulsions.
Des opposants au projet d'aéroport de Notre-Dame-des Landes bloquent le périphérique le 9 janvier 2016 près de Nantes (Photo JEAN-SEBASTIEN EVRARD. AFP)
publié le 11 janvier 2016 à 18h46
(mis à jour le 12 janvier 2016 à 11h13)

Après leur démonstration de force qui a rassemblé près de 20 000 personnes samedi sur le périphérique nantais, les opposants au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes continuent à se mobiliser avant une audience à risques mercredi, qui se penchera sur l'expulsion de onze familles et quatre agriculteurs «historiques» de l'ex-«zone d'aménagement différé» (ZAD), rebaptisée «Zone à défendre». Ils ont entamé peu après 7h30 ce mardi une opération escargot en plusieurs points du périphérique nantais, sans toutefois bloquer le trafic.

Selon le Centre régional d'information et de coordination routières (CRICR) ouest, ces «points de ralentissement» se situent aux portes de Retz, de Sautron et de Grand-Lieu. Les véhicules à l'origine de ces opérations, dont le nombre n'a pu être précisé dans l'immédiat, «roulent au ralenti mais ne bloquent pas les voies». Un convoi de tracteurs s'est également mis en branle au niveau de la porte de Rennes. «Les répercussions sur le trafic sont pour l'instant assez limitées. Cela ne déborde pas trop par rapport à ce qu'on peut connaître d'habitude sur le périphérique», indique le CRICR.

Démarrage des travaux en février ?

Les anti-aéroport exigent «la garantie, claire et sans ambiguïté» que l'État «renonce à toute procédure d'expulsion». Ils ne digèrent pas l'assignation des onze familles et quatre agriculteurs, mercredi à 11 heures devant le tribunal de grande instance de Nantes. La société AGO (Aéroports du Grand Ouest, filiale de Vinci) demande, en urgence, leur expulsion, assortie d'une astreinte journalière de 200 à 1 000 euros et d'une mise sous séquestre de leurs biens et cheptels s'ils n'obtempèrent pas.

Ils estiment que cette démarche viole l'engagement pris en 2012 par François Hollande de geler les expulsions tant que les recours déposés contre le projet ne sont pas épuisés. Selon eux, cela inclut les procédures d'appel. Les responsables politiques locaux, de gauche comme de droite, estiment au contraire que le blocage des travaux du nouvel aéroport n'a que trop duré. Le nouveau président Les Républicains de la région Pays de la Loire, Bruno Retailleau, a réclamé à nouveau l'évacuation de la ZAD, tandis que le président PS du département de Loire-Atlantique, Philippe Grosvalet, a demandé par courrier à François Hollande le «démarrage des travaux dès février 2016».

En cas de durcissement du conflit, les «zadistes» assurent être prêts à faire face. A l'occasion d'un reportage réalisé en octobre, l'un d'entre eux prévenait : «Si l'Etat veut nous expulser, il lui faudra de l'énergie. Ça va lui coûter cher.» L'expulsion des occupants du bocage nantais ne sera pas aisée, d'autant qu'en plusieurs années de lutte, ils ont su tisser des liens avec le monde paysan et associatif. Près de 200 comités de soutien ont aussi vu le jour partout en France et pourraient, eux aussi, se réveiller.