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Reconversion

L'ex-FN Aymeric Chauprade lance son parti

En rupture avec Marine Le Pen, le géopolitologue veut faire des «Français libres» un «instrument de combat contre l'islamisation».
L'eurodéputé Aymeric Chauprade. (Photo Pierre Andrieu. AFP)
publié le 13 janvier 2016 à 11h37

Est-il possible d'exister à droite, quelque part entre le FN et l'ex-UMP ? Le dernier en date à faire ce pari s'appelle Aymeric Chauprade. L'ex-conseiller de Marine Le Pen, qui a quitté le Front en novembre dernier, a annoncé ce mercredi le lancement d'un nouveau parti, «Les Français libres». Dans une vidéo et un texte publiés sur son site internet, le géopolitologue de 47 ans présente celui-ci comme un instrument de «combat pour la civilisation française, donc contre l'islamisation». Son but: «Faire gagner, en 2017, le candidat d'une droite française crédible et assumée.» Qu'il attend éventuellement du côté de LR, mais certainement pas du FN.

Cette annonce est un nouveau rebondissement dans une trajectoire qui n'en a pas manqué ces dernières années. Conseiller diplomatique officieux de Marine Le Pen depuis 2010, Aymeric Chauprade avait été catapulté tête de liste en Ile-de-France à l'occasion des européennes de 2014. La présidente du FN n'a pas manqué de mettre à profit ses réseaux internationaux, et notamment russes. Une première querelle les avait pourtant opposés en janvier 2015: dans une vidéo publiée après les attentats de Paris, Chauprade dissertait sur l'imminence d'un «choc des civilisations» et comparait les musulmans aux Allemands d'avant 1933, sur le point de porter le nazisme au pouvoir. Cette vidéo a valu à Chauprade une plainte de la Licra qui l'amène, précisément ce mercredi, devant le tribunal correctionnel de Paris.

 «Le FN est une impasse»

L'homme avait également dénoncé, plus ouvertement que d'autres, l'influence d'un supposé «lobby gay» au sein du FN, organisé selon lui autour de Florian Philippot. Mais la rupture définitive avec le FN est intervenue l'automne dernier, à la suite de l'implication personnelle de l'eurodéputé dans la rocambolesque affaire Air Cocaïne. Chauprade a reconnu avoir, avec quelques amis, facilité l'évasion de deux pilotes français soupçonnés de trafic de drogue et retenus en République dominicaine par la justice locale. Une «opération patriotique», avait justifié le géopolitologue, mais dont les relents barbouzards avaient achevé de le dévaluer au sein du FN. Le 9 novembre, Chauprade anticipait une probable sanction en quittant de lui-même le parti. Il a depuis émis de fortes critiques sur son ancien mouvement, s'en prenant notamment au programme économique «socialiste» du Front.

La «désétatisation économique» figure d'ailleurs en bonne place dans les objectifs du nouveau mouvement de l'eurodéputé. Mais également la «désislamisation de la France» et la reconstitution de la «puissance géopolitique» du pays. Contacté par Libération, Chauprade reconnaît qu'il n'y a pour l'heure «pas grand-chose» dans la structure, mais se juge «légitime sur le plan des idées, et aussi à expliquer pourquoi le Front national est une impasse». Il souhaite désormais «participer à l'émergence du futur candidat de droite, qui viendra probablement des Républicains» - un parti dans lequel il revendique quelques bons contacts personnels. S'il se déclare toujours proche de Philippe de Villiers, Chauprade semble en revanche plus sceptique quant à la volonté de celui-ci de représenter une «vraie droite» en 2017.