Les mines changent au fil des réveils. Lundi matin, une bonne nouvelle tombe en provenance du Bangladesh : le juge demande la remise en liberté de Moussa Ibn Yacoub : humanitaire français incarcéré, dans des conditions catastrophiques, depuis le 22 décembre pour «activités suspectes en lien avec le terrorisme». Ce jeune homme de 28 ans, originaire de Montreuil (Seine-Saint-Denis), était sur place pour venir en aide aux Rohingyas, une minorité musulmane persécutée en Birmanie et non reconnue au Bangladesh.L'annonce de sa remise en liberté a filé le sourire à sa famille : les nuits étaient courtes depuis sa détention. Elle a même donné l'occasion a des élus locaux, très silencieux depuis le début de l'affaire, de prendre la parole pour se féliciter de la libération de Moussa. Mercredi matin, une mauvaise nouvelle tombe en provenance du Bangladesh. Baraka City, l'ONG de Moussa Ibn Yacoub, écrit sur son mur Facebook : «Nous nous sommes rendus à la cour de Cox's Bazar [ville bangladaise, ndlr] afin de récupérer la copie exécutoire de l'ordonnance de mise en liberté rendue le lundi 11 janvier 2016 afin de lever l'écrou de Moussa […]. Nous constatons que l'ordonnance de mise en liberté a été vulgairement raturée à la main, emportant son annulation. Le président de la cour nous indique que le ministère de la Justice aurait donné des instructions sur ce dossier.»
Ce retournement est incroyable. Lundi, la justice du Bangladesh demande la libération d’une personne. Mercredi, un deuxième juge, qui a entre-temps repris le dossier, décide, sans argument, de le maintenir en détention. Une nouvelle fois, comme depuis le 22 décembre, le Quai d’Orsay doit intervenir auprès des autorités du Bangladesh pour débloquer au plus vite cette situation rocambolesque. Moussa Ibn Yacoub était sur place pour venir en aide aux Rohingyas. Aujourd’hui, c’est lui qui a besoin de l’aide de son pays.