Valérie Pécresse l'a redit jeudi sur France Info : elle entend proposer des tests salivaires dans les lycées d'Ile-de-France, soi-disant pour lutter contre la consommation de cannabis. La nouvelle patronne de la région affirme qu'ils ne s'adresseront qu'aux proviseurs qui le souhaitent, et que les résultats resteront anonymes. Ces tests seraient faits «par une équipe médicale, dans le cadre du secret médical, le résultat ne serait transmis qu'à l'élève s'il est majeur. A ses parents s'il est mineur». Et si l'élève refuse de se soumettre ? Il sera considéré comme positif, selon elle. «Ce test a vocation épidémiologique, l'idée, c'est de savoir si il y a ou pas dans la classe un problème de drogue.» La proposition ne semble guère légale - impossible de forcer quelqu'un à pratiquer un test, sauf décision judiciaire -, aussi irréaliste qu'inefficace et, en exclusivité, on lui en révèle ici les résultats : oui, les lycéens tirent sur le pétard. Près d'un ado sur deux âgé de 17 ans affirme y avoir déjà tâté. On peut le regretter car, à cet âge, c'est plus dangereux. Mais c'est ainsi, et l'élue Les Républicains n'y fera rien. Elle rejoint juste les rangs des politiques qui utilisent l'usage de stupéfiants pour rouler des mécaniques.
On pourrait lui rétorquer qu'elle n'a qu'à organiser ces tests à l'Assemblée nationale - voire imposer l'éthylotest avant les questions au gouvernement. Mais on préfère accueillir l'arrivée dans les rangs des partisans d'une politique réaliste du pneumologue Bertrand Dautzenberg : il a annoncé jeudi qu'il présentera fin janvier, en congrès médical, une proposition pour un cannabis légalisé et «propre». Pour lui, la législation française, qui punit l'usage d'un an de prison, est «totalement inadaptée, pas du tout pragmatique et ne marche pas». Il a raison. «Dans les pays développés, il est frappant d'observer que plus la législation est répressive, plus la consommation est importante», explique-t-il à l'AFP. C'est le cas de la France où les ados passent pour les plus gros usagers d'Europe. Sur RTL, le spécialiste a argumenté : «Quand ça ne marche pas à ce point-là, il faut s'arrêter, ce d'autant qu'on a les expériences des Etats américains qui, un par un, passent à la légalisation ou à la non-pénalisation du cannabis, et avec succès : pas plus de consommation, moins d'effets secondaires et surtout diminution de la criminalité.» En grand spécialiste de la lutte contre le tabagisme, Dautzenberg suggère d'avancer par étape.
La première ? Consommer «du cannabis plus propre», sans tabac ou en vaporette. Mais comment légaliser ? «Il faut qu'il y ait des boutiques spécialisées, un contrôle de qualité des produits, un acheminement clair, un petit peu de taxes au passage pour payer les services qui contrôlent tout ça.» A-t-il prévu de rencontrer Pécresse pour lui expliquer ? Ce serait une idée.