Deux mois après les attentats du 13 Novembre, le volet belge de l'enquête se resserre, précisant le rôle de chaque inculpé. Les convoyeurs de Salah Abdeslam, d'abord : Mohamed Amri et Hamza Attou sont venus de Belgique dans la nuit du 13 au 14 novembre pour le ramener à Bruxelles. Tous deux affirment n'avoir rien su des projets terroristes. Arrivés dans la capitale belge, Attou appelle une connaissance à qui il vend du shit : Ali Oulkadi. Selon les déclarations de ce dernier, il n'y va que pour se «fournir de la fumette». Il récupère en fait Salah Abdeslam, qu'il laissera vers 14 h 30 à Schaerbeek, une commune du nord de Bruxelles. La vidéosurveillance a permis aux enquêteurs de suivre Abdeslam jusqu'au «croisement place Lehon et rue Royale Sainte-Marie», accréditant, notent-ils, «les dires d'Oulkadi sur le transport et le dépôt» d'Abdeslam. Son avocat, Olivier Martins, dément toute participation d'Oulkadi aux «assassinats», motif d'inculpation de son client. Autre inculpé : Lazez Abraimi, le «brocanteur», aurait joué un rôle dans la cavale d'Abdeslam, selon une source policière. Rien, cependant, ne semble l'étayer à ce jour : l'ADN du sang - une petite tache - retrouvé dans sa camionnette est bien celui de son frère, et les deux armes découvertes dans le véhicule sont hors d'état. Par ailleurs, la thèse rocambolesque d'une fuite d'Abdeslam lors d'un déménagement grâce à l'aide d'Abraimi est écartée. Abdeslam a bel et bien disparu dans la commune de Schaerbeek. Il s'est certainement rendu dans une planque, à quelques rues de l'endroit où il a été déposé. Au 86 de la rue Henri-Bergé, précisément, où son empreinte digitale sera retrouvée, de même que des traces de TATP (l'explosif utilisé le 13 Novembre) et du matériel pour fabriquer des ceintures. Selon plusieurs sources, l'appartement a été loué le 1er septembre, sous une fausse identité, par Mohamed Bakkali, sous les verrous depuis le 26 novembre.
Le parquet fédéral belge a également confirmé cette semaine que le groupe du 13 Novembre avait profité de deux autres «logements conspiratifs» : l’un à Charleroi, où trois assaillants sont passés avant les attentats, l’autre à Auvelais, loué par «Samir Bouzid», une fausse identité qui revient souvent dans l’enquête. Les enquêteurs cherchent à identifier qui se cache derrière ce nom et celui de «Soufiane Kayal», également usurpé.
Où est Salah Abdeslam ? L’homme le plus recherché d’Europe est toujours introuvable. De même que Mohamed Abrini, soupçonné d’être l’un des organisateurs, et qui a été avec lui avant les attentats. L’un de ses proches, Ayoub Bazarouj, a été inculpé fin décembre sur la base d’écoutes téléphoniques vagues, évoquant notamment Salah Abdeslam. La chambre du conseil se prononcera le 21 sur la demande de remise en liberté déposée par son avocat, Yannick de Vlaemynk. A l’exception de Pierre N. dont le rôle apparaît très secondaire, les inculpés sont pour l’heure maintenus en détention. La plupart à l’isolement, dans le quartier de haute sécurité de la prison de Bruges, où ils ont rejoint un certain Mehdi Nemmouche, auteur de la tuerie du Musée juif de Belgique, en mai 2014.