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Libération

Non, on ne découvre pas la valeur des tests antipollution avec l’affaire Renault

Merci de l'avoir posée
publié le 15 janvier 2016 à 20h21

Des ONG dénonçaient depuis des années l'hypocrisie des tests d'homologation européens des voitures en matière d'émissions. Jeudi, Ségolène Royal a révélé que le leader national du secteur, Renault, dépassait les bornes. «Les tests montrent des dépassements de normes pour le CO2 et les oxydes d'azote sur des modèles concernant plusieurs constructeurs étrangers et un français», a déclaré la ministre de l'Ecologie. Etaient-ils nécessaires pour s'en convaincre, ces nouveaux tests diligentés par le ministère de l'Ecologie après le scandale Volkswagen et qui s'appliquent à tous les constructeurs présents sur le marché français ? Les premiers résultats (22 voitures contrôlées sur 100 prévues) ne révèlent rien de neuf.

Première fausse découverte : les émissions de polluants et de CO2 sont sous-évaluées. Depuis le 1er septembre 2015, les émissions d'oxydes d'azote (NOx) ne doivent pas dépasser 60 mg/km pour les voitures à essence, et 80 mg/km pour les diesels. En décembre, Renault était interpellé par l'association allemande de protection de l'environnement Deutsche Umwelthilfe. L'ONG avait commandité des tests d'où ressortaient des niveaux d'émission 13 à 25 fois supérieurs aux 80 mg/km autorisés, un test faisant même état d'émissions à plus de 2 000 mg/km. Le constructeur avait contesté.

Or, selon France Info, les dépassements relevés par la commission technique indépendante mise en place par Royal concernent justement la Renault Espace. Selon le député écologiste Denis Baupin, membre de la commission, les dépassements observés sur plusieurs marques sont «au moins d'un facteur 3 à 5».

Seconde hypocrisie : des tests d’homologation trop permissifs. Ces tests sont hors-sol : la voiture roule sur 11 km sur un banc d’essai, à faible régime, avec des phases d’accélération dignes d’un cycliste nonagénaire. Et les protocoles sont assez souples pour que les constructeurs puissent se permettre des astuces : pneus surgonflés, alternateur débranché, lubrifiants spéciaux pour améliorer le rendement, etc. D’où, au final, des résultats artificiellement performants.