Apprentissage, bénéfique à court terme
Près de 500 000 apprentis en 2017 : c'était l'objectif affiché, dès 2012, par l'exécutif. Or, ils ne sont que 400 000 pour l'heure. Une situation d'autant plus «préoccupante» pour le gouvernement que ce nombre recule depuis trois ans, malgré le plan de mobilisation lancé il y a huit mois. La faute, en partie, à la crise persistante dans le bâtiment, mais aussi à la stigmatisation de l'apprentissage, qui «peine encore à être perçu […] comme une solution positive d'orientation», souligne le Conseil d'analyse économique.
La filière constitue pourtant une «voie d'excellence, assure Myriam El Khomri. La ministre du Travail précise que «70 % des jeunes passés par l'apprentissage trouvent un emploi derrière». Selon l'Education nationale, en 2014, sept mois après leur sortie d'un centre de formation d'apprentis (CFA), 62 % des jeunes (du CAP au BTS) avaient en effet un emploi. Un optimisme à nuancer, selon l'économiste Michel Abhervé : «Les jeunes qui choisissent l'apprentissage ont 10 % de chances en plus de réussir une insertion professionnelle rapide que ceux restés dans un parcours classique. C'est donc bénéfique à court terme. Mais après cinq ans, les choses s'égalent, et au bout de dix ans, les autres ont une meilleure place et un meilleur salaire.» Par ailleurs, si être apprenti a des avantages, comme la confrontation au monde de l'entreprise, l'acquisition de compétences professionnelles ou une meilleure confiance en soi, d'autres soucis accompagnent l'expérience. D'abord la recherche de l'entreprise d'accueil : seul un quart des entreprises envisagent de recruter un apprenti dans les douze mois. Une pénurie décourageante pour les jeunes, d'autant que, selon l'Institut Montaigne, «l'immense majorité des candidats doivent trouver un employeur et un CFA par eux-mêmes, sans aucun soutien». Autre problème, les difficultés matérielles : hébergement, transport, mais aussi rémunération. Comprise entre 25 % et 78 % du Smic selon l'âge et l'ancienneté du contrat, cette dernière est jugée insuffisante par les syndicats, qui plaident pour un véritable «statut de l'apprenti».
Formation, efficace… à première vue
Martingale du retour à l’emploi pour certains, mirage pour d’autres : la question de la formation des demandeurs d’emploi est devenue centrale, ces dernières années, dans le débat sur la baisse du chômage. Elle constituera même, ce lundi, une des mesures centrales du plan détaillé par Hollande, qui souhaite la formation de 500 000 chômeurs supplémentaires, soit un quasi-doublement de ce qui se fait aujourd’hui (plus de 600 000).
Le sujet est légitime : alors même que les chômeurs sont davantage demandeurs de formation que les personnes en emploi, seuls un quart d'entre eux en avaient suivi une entre mi-2011 et mi-2012, selon une étude de l'Insee, contre la moitié des actifs occupés. Les résultats, en termes d'insertion professionnelle, sont également positifs, d'après une étude de Pôle Emploi réalisée en 2013. Dans les six mois qui suivent la fin de la formation, 45 % des bénéficiaires sont ainsi au travail, contre 34 % pour ceux qui n'en ont pas profité. Un an après, ce taux atteint même 64 % pour les bénéficiaires d'une formation, contre 48 % pour les autres. L'emploi est également plus souvent «durable» (contrats supérieurs à six mois).
Des résultats positifs, qui doivent être cependant nuancés. D’abord en raison de l’hétérogénéité des formations. Les cursus les plus rentables en termes d’insertion sont les dispositifs de formation préalables à l’embauche, où les candidats sont présélectionnés et où l’employeur s’engage, en amont, à recruter la personne formée. Autrement dit, l’entreprise l’aurait peut-être embauchée, même en l’absence de formation, quitte à la former elle-même. A l’inverse, pour les bénéficiaires d’une formation plus longue et moins spécifique, les résultats sont plus mitigés. Ils peuvent même, dans certains cas, rester plus longtemps au chômage que les non-bénéficiaires. Autre bémol, enfin : la formation ne crée pas d’emplois en elle-même. Et aurait tendance à simplement modifier l’ordre de la «liste d’attente» des chômeurs, entre ceux qui ont reçu une formation et les autres.
Service civique, utile mais «précaire»
Donner la possibilité aux jeunes de 16 à 25 ans de s'engager, pour une durée de six à douze mois, dans une mission d'intérêt général, une association, un établissement public ou une collectivité locale : tel est l'objectif du service civique, entré en vigueur en 2010. Avec un enjeu double pour le gouvernement : disposer d'un dispositif qui est à la fois «un levier essentiel de citoyenneté», mais aussi «un moyen de s'insérer dans la vie professionnelle» pour les jeunes.
De fait, la mesure est plutôt consensuelle. Y compris du côté des jeunes accueillis : en octobre, ils étaient 90 % à se déclarer satisfaits de cette expérience, selon l'agence en charge du dispositif. Comme Jérémy, 21 ans, en contrat avec l'association Unis-cité, à Orléans, qui a choisi le service civique «pour se rendre utile et avoir une première approche du monde du travail». Sa mission : accompagner des personnes âgées isolées et faire de la sensibilisation au développement durable dans les quartiers. «Une expérience intéressante sur le plan humain et professionnel», explique le jeune homme. Et ce, même s'il ne touche qu'une petite indemnisation, soit 467 euros net, auxquels s'ajoutent 106 euros pour frais d'alimentation et de transports. «Cela me suffit, puisque je vis encore chez mes parents», précise-t-il.
Plus critique, le collectif Génération précaire dénonce, de son côté, un contrat «précaire» qui n'offre pas les moyens de vivre dignement et qui ne fait que retarder l'arrivée des jeunes sur un marché du travail déjà saturé. Selon une enquête TNS Sofres de 2013, six mois après leur service civique, 20 % des jeunes sont inactifs. Les autres suivent des études ou une formation (35 %), sont en stage (11 %) ou travaillent (29 %). Autre biais : le service civique n'étant pas un emploi salarié, il n'ouvre pas droit aux indemnités chômage.
Reste que les jeunes sont nombreux à solliciter une place. A tel point qu'en février, Hollande avait reconnu qu'il y avait «quatre fois plus de demandes» que de missions proposées. D'où le coup d'accélérateur promis par le Président.
Emplois d’avenir, positifs sur le papier
Créés en début de quinquennat, les «emplois d’avenir», promesse de campagne de François Hollande, constituent aujourd’hui l’arme principale de ce gouvernement dans le secteur de l’emploi non-marchand. Fin 2015, on dénombrait 100 000 jeunes concernés par ce type de contrat. Si le dispositif est encore trop récent pour faire l’objet d’une évaluation, une étude sur les emplois-jeunes de l’époque Jospin permet d’appréhender les effets positifs, mais aussi pervers, de ce type de mesures. Avec une réserve, toutefois : les contrats créés en 1997 concernaient essentiellement des diplômés, tandis que les emplois d’avenir de François Hollande sont principalement réservés aux non-qualifiés.
Selon cette enquête, réalisée par le Centre d'études de l'emploi et publiée en 2012, le dispositif a permis «aux jeunes d'échapper au chômage ou à un emploi plus précaire pendant un certain temps». Et quelques années après la fin du contrat, la part de ces jeunes en emploi à durée indéterminée est quasiment la même que ceux qui n'ont pas eu ce parcours. En termes d'insertion professionnelle, l'outil a donc plutôt rempli son office. Gros point noir, en revanche, selon les auteurs de l'étude : «Sur le plan salarial, le passage par un emploi-jeune conduit à un désavantage plus durable.» Plus de trois ans après la sortie du dispositif, «l'impact sur le salaire est clairement négatif, avec une perte estimée en moyenne à environ 230 euros net par mois».
Au-delà des emplois-jeunes, une autre enquête, réalisée en 2003 par la Dares (le département statistique du ministère du Travail), met en lumière un «effet de stigmatisation» des contrats aidés, notamment pour les publics les plus éloignés du marché du travail. Les anciens titulaires d'un contrat emploi solidarité (CES) sortis fin 1999 sont ainsi moins nombreux, en proportion, à occuper un emploi ordinaire que le groupe témoin n'ayant bénéficié d'aucun emploi aidé. Ou quand l'emploi aidé conduit, dans certains cas, à pénaliser les chômeurs.