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Libération
EDITORIAL

Timide

publié le 17 janvier 2016 à 19h31

Le masochisme français est inépuisable. Il est désormais possible qu’à la fin des fins, et contre tant de sinistres prophéties, la courbe du chômage s’inverse en France. Une partie de cette diminution proviendrait de créations d’emplois nouvelles liées à la croissance, l’autre de dispositifs de formation, au sens large, comme le service civique ou l’apprentissage. L’inversion espérée est donc incertaine et, de surcroît, menacée par un éventuel retournement de conjoncture. Il n’en faudra pas moins pour que le résultat ainsi obtenu soit aussitôt dénigré. Pour la droite et l’extrême gauche, le gouvernement a échoué quoi qu’il arrive, quand bien même il aurait commencé à améliorer - un peu - la situation. Sous Hollande, quelque chose pourrait aller mieux ? Horreur ! Alors que cette inversion, aussi timide soit-elle, serait évidemment une bonne nouvelle, même si elle reste limitée. Non principalement pour la gauche au pouvoir, qui aura, si la prévision se réalise, attendu plus de quatre ans avant d’atteindre ce modeste objectif. Mais pour le pays dans son ensemble, qui pourra espérer, si la tendance se poursuit, si la croissance prend le relais, voir reculer le fléau qui le mine depuis tant d’années. Rêvons un peu : les pessimistes pourraient finalement se tromper. Politiquement, la nouvelle a son importance. Comme Manuel Valls le dit, ce redressement de dernière heure fera de François Hollande un candidat naturel pour le PS. Mais là où le Premier ministre fait une impasse, c’est sur la gauche dans son ensemble. Même nanti d’un bilan meilleur, le président sortant pourra-t-il éviter la division des candidatures à gauche ? Et si la gauche se présente en ordre dispersé, n’est-ce pas un boulevard qui s’ouvre pour la droite et l’extrême droite ? En organisant un scrutin préalable, la gauche pourrait se rassembler. Et même, si elle le souhaite, conférer une légitimité renouvelée au président sortant. En écartant d’un revers de main l’idée d’une primaire de toute la gauche, Manuel Valls pense sans doute favoriser le Président. Et si, en fait, il l’affaiblissait ?