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Libération
édito

Hollande : les non-dits du plan antichômage

publié le 18 janvier 2016 à 20h01

Il y a dans ce nouveau et dernier plan d’urgence contre le chômage de François Hollande, placé évidemment sous le signe de la seule efficacité économique, une dimension politique non dite, pourtant décisive pour décrypter ses sous-entendus et ses objectifs. En matière de politiques publiques, il faut au minimum plusieurs mois pour que les déclarations d’un président de la République trouvent leur application dans la loi ou d’éventuels accords d’entreprises. Il n’y a donc guère de doute que ce train de mesures n’aura que peu d’effet sur la création d’emplois et donc la baisse du chômage en 2016. Au mieux, il devrait permettre à des chômeurs de longue durée de trouver une formation plus facilement ou à des jeunes sans qualification d’entrer en apprentissage plus rapidement. Ce n’est pas rien. Même si l’opposition relèvera que ces deux principales mesures auront aussi le suprême avantage de faire migrer des chômeurs de la catégorie A vers la catégorie D. Et donc d’améliorer le profil de la fameuse courbe du chômage à laquelle Hollande a conditionné sa candidature pour 2017. Mais là n’est pas l’essentiel. Car, sauf bouleversement, grâce au retour de la croissance, le chômage devrait bien amorcer une décrue suffisamment consistante pour lui permettre de se présenter. Mais beaucoup trop faible pour lui éviter un violent procès en inefficacité de sa politique économique. Il s’agit donc pour le futur président candidat d’emmagasiner dès maintenant des arguments de campagne. Et de se prémunir très vite contre toute accusation d’inaction. D’où ce nouveau train de mesures.

Car Hollande connaît trop bien les traces mortifères laissées par le désormais historique - «dans la lutte contre le chômage, on a tout essayé» - prononcé en 1993 par un François Mitterrand à bout souffle. Hollande ne veut pas qu'on lui reproche d'avoir abandonné cette urgence sociale, qui reste la première préoccupation des Français. Il répondra aux autres critiques : trop tard, trop court, trop à droite, pas assez à gauche. Mais pas à celle de la capitulation. D'où cette annonce surprise de donner la possibilité aux entreprises, avec l'accord des partenaires sociaux, de déroger davantage aux 35 heures. Et tant pis si les actuels dispositifs d'assouplissement ne sont pas ou peu utilisés par le patronat. L'objectif est là encore avant tout symbolique et politique. Il fallait donner dès aujourd'hui des gages au patronat, et à son ambitieux ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, marri de ne pas pouvoir porter une nouvelle loi. Et surtout préempter les attaques de la droite qui arriveront très vite avec une réponse sur le mode : «vous ne pourrez pas dire que mon gouvernement n'a pas entendu les revendications des entreprises françaises». Et la gauche ? Hollande veut faire du compte personnel d'activité le socle de sa grande réforme sociale du quinquennat ; celui qui ferait basculer notre modèle social dans cette flexisécurité tant vantée par la social-démocratie scandinave. Pas sûr, cependant, que les Français considèrent qu'entre salariés et entreprises, le bilan soit équilibré.