Menu
Libération
Droit de suite

A Fréjus, une mosquée ouverte mais en sursis

Le Conseil d'Etat a ordonné l'ouverture sous soixante-douze heures du lieu de culte, jusqu'à présent refusée par le maire FN. Mais une autre procédure reste ouverte, qui pourrait aboutir à sa démolition.
David Rachline lors d'une manifestation contre l'ouverture de la mosquée autorisée par le Conseil d'Etat en septembre. (Photo Jean-Christophe Magnenet. AFP)
publié le 20 janvier 2016 à 15h11

Nouveau rebondissement dans le feuilleton de la mosquée de Fréjus. Achevé au printemps, l'ouvrage n'a presque jamais accueilli de fidèles : le maire FN, David Rachline, le maintient clos, invoquant des problèmes d'urbanisme. Le bâtiment va pourtant ouvrir ses portes après une décision du Conseil d'Etat, intervenue mardi soir. L'institution a été saisie en appel le 13 janvier par le gestionnaire de la mosquée, l'association El Fath. Celle-ci souhaitait que le préfet du Var se substitue au maire pour autoriser l'ouverture de la mosquée, une demande rejetée d'abord par le tribunal administratif de Toulon, fin décembre 2015.

Dans sa décision, le Conseil d'État a démenti ce dernier, jugeant que le refus d'ouvrir la mosquée constitue une «atteinte grave et manifestement illégale au droit à un recours effectif, à la liberté de culte et à la liberté d'expression des convictions religieuses». Il appartient désormais au préfet de prendre, d'ici à vendredi soir, un arrêté d'ouverture du lieu. Joint par Libération, un responsable d'El Fath se déclare satisfait : «On va rapidement organiser une journée portes ouvertes pour tous les Fréjusiens. Ce sera même ouvert au maire, on n'est pas rancuniers.»

Par communiqué, David Rachline a «pris acte», tout en la déplorant, de la décision du Conseil d'Etat. Et rappelé que l'ouverture de la mosquée pourrait n'être que provisoire. Le 26 février sera en effet connu le résultat d'une autre procédure visant le bâtiment, devant le tribunal correctionnel de Draguignan. Fin novembre, le procureur avait conclu à une fraude dans l'octroi du permis de construire et requis rien moins que la démolition de la mosquée. S'il pourrait accueillir la prochaine prière du vendredi, le lieu reste donc en sursis.