Au fil des macronades, c'est devenu une évidence dont il est vain de s'offusquer : Emmanuel Macron est de conviction libérale. C'est son droit le plus strict. Sa présence au gouvernement peut froisser ou même parfois révolter à gauche, la responsabilité en incombe d'abord à celui qui l'a nommé. Ce qu'on peut en revanche reprocher au ministre de l'Economie, c'est son manichéisme. A seule fin de faire le buzz, Macron se plaît depuis des mois à dresser les Français les uns contre les autres, ficelle dont avait en son temps largement usé Nicolas Sarkozy. Ce qui, soit dit en passant, va à rebours de la volonté d'«union nationale» affichée par le chef de l'Etat. C'est un jour les entrepreneurs contre les fonctionnaires, un autre les «outsiders» contre les «insiders», une autre fois les travailleurs contre les rentiers ou encore les politiques modernes contre les élus d'un ancien temps, étant sous entendu qu'il y a d'un côté les bons et de l'autre, les mauvais. Invité de la matinale de BFM TV-RMC, Macron a, mercredi, mis en scène un nouveau duo infernal, estimant cette fois que «la vie d'un entrepreneur est souvent bien plus dure que celle d'un salarié». Il aurait pu soutenir l'exact inverse sans plus se tromper, ce qui donne une idée de la profondeur du propos. Qu'importe, les Français qui aiment les combats singuliers, semblent voir dans cette dialectique guerrière une preuve de modernité. La popularité d'Emmanuel Macron ne s'en porte que mieux. Et, plus que de faire avancer la «réforme», c'est sans doute bien là l'objectif.
Billet
Le manichéisme de Macron
Emmanuel Macron, mardi, à l'Assemblée. (Photo Alain Jocard. AFP)
par Nathalie Raulin
publié le 20 janvier 2016 à 17h27
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