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Libération
Pas de deux

Sarkozy et Copé se tirent la bourre même en librairie

Problème: il ne peut y avoir de vérité chez l’un que s’il y a mensonge chez l’autre.
Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé, en novembre 2014. (Photo Thomas Samson. AFP)
publié le 20 janvier 2016 à 20h21

Les voici côte à côte dans les vitrines des libraires. Et aussi sur le terrain, à la rencontre du pays réel. Ou encore à la télévision, laissant voir en prime time leur part d’humanité. Jean-François Copé et Nicolas Sarkozy nous offrent ces jours-ci un touchant pas de deux.

Avant de se livrer dimanche devant la caméra de l'intervieweur portraitiste Thierry Demaizière sur TF1, l'ancien chef de l'Etat était mercredi à Nîmes pour lancer sa campagne de candidat (non déclaré) à la primaire de la droite. Au lendemain de sa confession sur le Divan de Marc-Olivier Fogiel, le député et maire de Meaux était, lui, à Lille pour sa première sortie publique depuis sa démission forcée de la présidence de l'UMP, en mai 2014. Plombés par des sondages calamiteux, l'ex-chef de l'ex-UMP et son successeur publient simultanément des livres présentés comme des exercices de vérité sans concession.

Le problème, c'est qu'il ne peut y avoir de vérité chez l'un que s'il y a mensonge chez l'autre. Copé se présente comme la victime expiatoire du scandale Bygmalion. Il martèle qu'il ne savait rien et que s'il avait su, il n'aurait «jamais accepté» de couvrir les «excédents gigantesques» de la campagne de Sarkozy. Cette histoire est «une farce», proteste l'ancien candidat. Sa campagne de 2012 n'aurait pas du tout dérapé et son coût se limiterait à ce qui a été officiellement déclaré. Sauf coup de théâtre suicidaire, Sarkozy ne devrait pas dévier de cette ligne dans son livre la France pour la vie, fruit d'une «exigence d'authenticité» censée «rétablir la confiance». Mais la sortie concomitante du Sursaut français de Copé menace de gâcher la fête.

Après Alain Juppé et François Fillon, le maire de Meaux poursuit l'inventaire critique des années 2007-2012. Tout y passe : de l'«erreur historique» de la baisse des effectifs de police à la «promesse non tenue» de l'immigration choisie, en passant par la défiscalisation des heures supplémentaires, grande fierté sarkozyste qui ne fut qu'un «faux nez» à 3 milliards d'euros.

Ne reculant devant aucun sacrifice, Jean-François Copé est allé jusqu'à couvrir d'éloges son ancienne bête noire Xavier Bertrand, élu président de la région Nord-Picardie au terme d'une campagne «absolument héroïque». Il est vrai que cette élection illustra, mieux que toute autre, l'échec de Sarkozy, le chef qui se faisait fort de faire reculer le FN.