Nous y voici. Après dix ans de palabres, la métropole du Grand Paris, juridiquement créée le 1er janvier, va procéder ce vendredi à son acte fondateur : l'élection de son président.
Sauf surprise née de la candidature opiniâtre du centriste Philippe Laurent, maire UDI de Sceaux, ce devrait être Patrick Ollier, le député-maire LR de Rueil-Malmaison, qui l’emportera.
La métropole du Grand Paris étant l’émanation des 131 communes qui la composent, les résultats des municipales 2014 ont entraîné une majorité de droite dans laquelle LR domine. Pourtant, la désignation du candidat du parti de Nicolas Sarkozy à la présidence n’a pas été facile.
«Match retour» pour NKM
D’abord parce qu’il y en avait deux. Gilles Carrez, député-maire du Perreux (Val-de-Marne), spécialiste des finances locales. Et Patrick Ollier. Le premier avait pour lui le soutien de Nathalie Kosciusko-Morizet, présidente du groupe LR au conseil de Paris. Le second avait en principe celui de Nicolas Sarkozy. Auquel s’ajoute une réputation de métropolitain sincère, d’autant plus remarquable qu’il est maire d’une commune favorisée des riches Hauts-de-Seine qu’on pourrait soupçonner de préserver son pré carré.
Une sorte de mini-primaire est donc organisée début janvier au sein des conseillers métropolitains LR. Mais NKM complique la donne. Elle garantit l'appui des élus de l'opposition parisienne à celui des deux candidats qui les placera sur deux, voire trois vice-présidences. «Elle a voulu jouer le match retour», soupire le maire socialiste des Lilas, Daniel Guiraud, évoquant la défaite de NKM à la municipale parisienne. Patrick Ollier tope avec elle et comme il faut bien quelque chose pour son adversaire Carrez, il lui promet la première vice-présidence.
Malheureuse manœuvre qui met par terre la stratégie consensuelle de Patrick Ollier. Loin de jouer la droite en pleine reconquête, il avait annoncé qu’Anne Hidalgo serait première vice-présidente en charge de l’international. Une sorte de «ticket». Mais en favorisant les opposants à la maire de Paris, Ollier écroule cette entente cordiale. Et remet paradoxalement la capitale, pourtant minoritaire, en position de force.
Hidalgo numéro 2
Anne Hidalgo n'accepte pas un Claude Goasguen, maire LR du XVIe, assis dans un siège de vice-président. Si Ollier persiste, Paris ne siégera pas dans l'exécutif. A lui d'assumer un Grand Paris sans Paris. Le maire de Rueil est obligé d'accepter un compromis. Hidalgo sera bien numéro deux de la métropole. Une seule vice-présidence reviendra à l'opposition parisienne, et pas à l'une de ses vedettes. Avec cet épisode, Paris a bien l'air d'être aux commandes.
Pourtant, pendant des années, la capitale a fait avancer l’idée métropolitaine en prenant soin de ne pas sembler conquérir la banlieue. Dès la création du syndicat d’élus Paris Métropole en 2005, la capitale a plaidé pour une voix égale pour chaque collectivité. Aujourd’hui, Paris a 62 conseillers métropolitains sur 209, tandis que les 130 autres communes en ont 1 à 3 selon leur population. Malgré cela, Paris ne domine pas sa métropole, ni politiquement puisque la droite est majoritaire, ni arithmétiquement en nombre de conseillers.
Pourtant, maintenant que Patrick Ollier a cédé à Anne Hidalgo, il paraît certain que Paris ne laissera pas beaucoup de marge de manœuvre au président de la métropole du Grand Paris.
Pour compliquer la donne, Patrick Ollier, 72 ans, n'est pas le seul candidat à droite. Le centriste Philippe Laurent, maire UDI de Sceaux et pionnier de Paris Métropole avait annoncé sa candidature en premier et il la maintient. Combien sont-ils dans le conseil à estimer comme lui que «le Grand Paris n'est pas un Paris agrandi»? A s'exaspérer de la domination séculaire de l'ouest sur l'est? Pourrait-il y avoir une surprise ?
La métropole du Grand Paris n’aura que 70 millions d’euros à redistribuer cette année, l’équivalent du budget de Sevran, commune la plus pauvre de la métropole. Elle n’aura pas beaucoup de pouvoir non plus. Il lui faudra bien deux ans pour qu’elle exerce ses compétences sur l’aménagement, l’habitat, l’environnement et l’économie.
Sa première réunion se fera au Conseil économique, social et environnemental, loué pour l’occasion. Ça rend modeste. Mais la métropole, souvent qualifiée de coquille vide, reste à faire. En 2020, les citoyens éliront son conseil au suffrage universel direct. Sauf si une droite de retour en 2017 la démantèle.