Coulisses, brèves, choses vues et entendues par les journalistes de «Libération», et pas lues ailleurs : c’est l’Happy Hour politique.
Comment Duflot a failli boycotter Hollande
Encore un peu et Cécile Duflot décidait de ne pas se rendre ce vendredi à l’Elysée. Invitée par François Hollande pour être consultée sur la réforme constitutionnelle, la coprésidente des députés écolos a eu la mauvaise surprise de découvrir à l’agenda présidentiel qu’elle devait être reçue en même temps que… Jean-Vincent Placé. Or, son ex-camarade, toujours à la tête des sénateurs verts, a quitté son parti cet été pour fonder l’Union des démocrates et écologistes (UDE). Et contrairement à Duflot, il est à fond derrière le gouvernement. Au départ, l’ex-ministre devait ainsi venir accompagnée d’Emmanuelle Cosse, la secrétaire nationale d’EE-LV, et souhaitait également inviter l’autre dirigeante du groupe écolo au Palais du Luxembourg, la sénatrice du Maine-et-Loire, Corinne Bouchoux. L’Elysée préférait consacrer 45 minutes - comme pour chaque famille politique - à tous les écolos d’un coup. Refus de Duflot et Cosse qui y voyaient une manoeuvre pour légitimer Placé et mettre en scène la division des écolos. Finalement, jeudi matin, l’Elysée a accepté la requête des dirigeants EE-LV… sans corriger l’agenda envoyé l’après-midi. Colère de Duflot qui a donc laissé entendre qu’elle n’irait pas à l’Elysée, puis échangé avec le chef de l’Etat par SMS pour arranger les choses. Résultat, elle aura eu droit à 30 minutes avec Cosse et le sénateur de Loire-Atlantique, Ronan Dantec a eu droit en théorie à 15 minutes.
Quand Rebsamen découvre la rigueur budgétaire
De retour à la mairie de Dijon depuis mi-août, François Rebsamen, l’ex-ministre du Travail, découvre que la dotation globale de fonctionnement de sa mairie (en gros son budget) a baissé de presque 50% en trois ans, passant de 37 millions à 25 millions d’euros. La faute d’abord à la politique de baisse des dotations aux collectivités locales, décidée par ce même gouvernement auquel il appartenu. Conséquence : ce fidèle de François Hollande réfléchit désormais à augmenter les impôts locaux de ses administrés, pour ne pas se retrouver dans l’obligation à trop sacrifier l’investissement public et donc l’emploi.
Patrick Boucheron, leçon d’histoire (et de gauche) au groupe PS
Ils n'arrivaient plus à se quitter. Mercredi, dans le cadre des débats non politiques organisés par la direction du groupe PS, les députés socialistes ont écouté pendant plus de deux heures l'historien Patrick Boucheron. Ou plutôt bu ses paroles. Boucheron, 51 ans, vient d'entrer au Collège de France où il occupe une chaire d'«Histoire des pouvoir en Europe occidentale, XIIIe-XVIe». Mais au printemps dernier, il a signé un petit opus sur les attentats de janvier 2015 et l'état de la société française (Prendre dates, Ed. Verdier). Devant les socialistes, le professeur n'a rien éludé. Les propos de Manuel Valls qui ne veut pas «expliquer» la dérive djihadiste car ce serait l'excuser? «Une insulte à toutes les sciences sociales», a répondu Boucheron. Les régionales? «Abasourdi qu'il n'y ait pas eu de réaction du pouvoir» après cette poussée du FN. «Les députés n'étaient pas en larmes parce qu'ils ne sont plus en état de pleurer mais c'était un moment où l'échec est devenu patent», rapporte un des participants.
Piketty, Wievorka, Jadot et les communistes à «l’Unisson»
Le patron des communistes, Pierre Laurent, avait annoncé qu’il souhaitait rencontrer «vite», les initiateurs de l’appel à une «primaire des gauches et de l’écologie» lancé il y a près de deux semaines dans Libération. Ça n'a pas traîné: le secrétaire national du PCF, accompagné du porte-parole de son parti, Olivier Dartigolles, a rencontré l'économiste Thomas Piketty, le sociologue Michel Wievorka et l'eurodéputé écologiste, Yannick Jadot, dans un bistrot proche du siège du PCF, place du Colonel Fabien (Xe arrondissement de Paris). Le nom de l'établissement tombait bien : L'Unisson. «Pour faire avancer l'appel, c'est très prometteur!» s'amuse un des participants.
Bruno Le Maire ne sera pas Arnaud Montebourg
Avant même le début officiel de la primaire à droite, pas question pour Bruno Le Maire de se laisser ranger dans la catégorie «troisième homme», comme Arnaud Montebourg, rallié à François Hollande entre les deux tours de la primaire socialiste en 2011. «Je ne suis ni un joueur, ni un dealer», prévient le député de l’Eure.
Même les hollandais rêvent (maintenant) de contreparties au CICE
C'est un fidèle de François Hollande qui parle, quelques jours après l'annonce de son plan d'urgence contre le chômage prononcé devant le Conseil économique et social et environnemental : «La prime de 2000 euros pour créer des emplois dans les PME? C'est beaucoup d'argent pour peu de résultats. Par contre il aurait fallu exiger des entreprises qui touchent le CICE l'obligation de prendre au moins un apprenti. Car c'est clair qu'elles ne jouent pas le jeu». Exiger des contreparties à la politique de baisse de charge du gouvernement? C'est exactement ce que demandent les frondeurs depuis des mois. Si même les hollandais s'y mettent....
Photos AFP