De combien de temps allait être prolongé l'état d'urgence, en vigueur depuis les attentats de novembre ? Jusqu'à la défaite définitive de l'Etat islamique, comme l'a déclaré Manuel Valls vendredi à la BBC (lire aussi page 8) ? Non, de trois mois, a corrigé l'Elysée dans l'après-midi. La mesure de prolongation sera présentée le 3 février en Conseil des ministres, où aura aussi lieu une délibération sur le projet de loi pénale «renforçant la lutte contre le crime organisé et son financement, l'efficacité et les garanties de la procédure pénale».
Quant aux avant-projets de loi d'application de la réforme constitutionnelle, Manuel Valls les présentera
mercredi en commission des lois à l'Assemblée. La volonté du Président est que «le texte puisse faire l'objet d'un rassemblement le plus large possible», a précisé l'Elysée, à l'issue d'une journée d'entretiens entre le chef de l'Etat et les responsables des partis représentés au Parlement.
«François Hollande ne nous a rassurés que sur un seul point, c'est que l'idée que l'état d'urgence serait prolongé tant que dure la menace de Daech n'est pas fondée», a ironisé le communiste Pierre Laurent, à sa sortie de l'Elysée.
Jean-Michel Baylet (Parti radical de gauche), premier reçu par Hollande vendredi matin, a confirmé que ses parlementaires voteraient la déchéance de nationalité si des «propositions consensuelles» émergeaient.
La méthode convient à Jean-Christophe Lagarde (Union des démocrates et des indépendants), «parce qu'on ne peut pas voter à l'aveugle une révision de Constitution sans savoir à l'avance quels sont les textes qui viendraient derrière». L'UDI a dit sa préférence pour une déchéance qui «s'applique à tous les Français coupables de crimes terroristes» plutôt qu'aux seuls binationaux.
Nicolas Sarkozy a indiqué que François Hollande avait «bien l'intention» d'introduire la déchéance de la nationalité pour les binationaux dans la Constitution. Il a assuré que son mouvement voterait la réforme si celle-ci «était clairement centrée sur la question de la constitutionnalisation de l'état d'urgence et surle retrait de la nationalité pour les binationaux», mais a posé plusieurs conditions à son soutien, notamment la possibilité, «pour le pouvoir administratif, d'assigner à résidence des individus réputés dangereux».
Mais tout le monde n'est pas sur cette ligne à LR. Vingt parlementaires, dont Nathalie Kosciusko-Morizet et Edouard Philippe, ont fait savoir vendredi qu'ils ne voteraient pas la déchéance, jugée «inutile et dangereuse».