Menu
Libération
EDITORIAL

Unité !

Publié le 25/01/2016 à 19h31

L’idée prend. Comme une mayonnaise, elle prend. A l’aide d’ingrédients disparates - un besoin de démocratie, une aspiration au débat, un ressentiment à l’égard de la gauche de gouvernement, une volonté d’unité, une peur de l’élimination au premier tour -, les signataires de l’appel «Notre primaire» ont marqué un premier point. Un succès sur les réseaux, des initiatives dans les villes et les quartiers, un ralliement des écologistes et des communistes, une prudente expectative à l’Elysée ou au PS : dédaigneux à l’origine, les sachants et les importants, sûrs que cette idée de primaire de toutes les gauches se perdrait dans les sables de la division ou les méandres du réalisme à œillères, se sont encore trompés. Rien n’est joué, bien sûr, mais un espoir est né. Celui de voir les forces progressistes renouer le dialogue, celui de réunir la gauche pour faire barrage à la droite libérale-conservatrice et à l’extrême droite nationaliste. Après tout, elle l’a souvent fait par le passé alors que les pommes de discordes étaient tout aussi nombreuses.

A cela, plusieurs conditions. La qualité des débats, en premier lieu. Il s’agit de confronter sérieusement les aspirations à la transformation sociale aux réalités - souvent décevantes - du gouvernement en démocratie. Au lieu d’un sempiternel procès en trahison - qui fut toujours et partout intenté à ceux qui ont accepté les responsabilités d’Etat - il faut se poser la question qui fâche : les choses étant ce qu’elles sont et non ce qu’on rêve qu’elles soient, que pouvait-on faire de mieux ? Et, surtout, que peut-on maintenant faire qui inscrive dans la réalité la volonté commune de justice ? Ce qui mène à la deuxième condition : toute exclusive, toute tentation sectaire, toute rhétorique creuse et moralisante signerait l’échec de l’entreprise. Unité, camarades !