Menu
Libération
Décryptage

Baraka City : la polémique sur un plateau

publié le 26 janvier 2016 à 20h01

Une ministre, un barbu, un plateau télé : les ingrédients étaient réunis pour faire naître la petite étincelle du buzz dimanche sur Canal +.

Que s’est-il passé au «Supplément» ?

Le président de Baraka City, Idriss Sihamedi, était invité pour parler de la situation de Moussa Ibn Yacoub, un salarié de l'ONG incarcéré au Bangladesh depuis le 22 décembre pour «activités suspectes en lien avec le terrorisme». L'homme de 28 ans était allé sur place pour fournir une assistance aux Rohingyas, une minorité musulmane persécutée en Birmanie et non reconnue au Bangladesh. Un débat s'engage autour de la table. Le présentateur, Ali Baddou, et le journaliste lui demandent s'ils condamnent «les agissements de l'Etat islamique».Sihamedi s'insurge, biaise, puis répond : «Baraka City condamne toutes les exactions, qu'elles soient commises par des groupes armés ou par des gouvernements. […] S'ils tirent sur des femmes enceintes, je ne vais pas vous dire : "Non, je ne condamne pas." Donc je pense que oui. Mais je suis gêné par la question.» Sollicitée, la ministre de l'Education, Najat Vallaud-Belkacem, se contente d'un «la façon de voir les choses de l'association n'est pas la mienne, et elle me met aussi mal à l'aise». Mardi, la polémique s'est invitée à l'Assemblée. «Vous n'avez pas eu le courage de vous lever. […] Par votre silence, vous avez laissé faire. […] Vous n'avez pas été à la hauteur», s'est emporté le député (LR) Yves Nicolin. Réponse de la ministre : «Ma règle est simple : on ne débat pas contre les ennemis de la République, on les combat, et mon combat est total. Il exclut tout dialogue artificiel et toute mise en scène.»

Qu’est-ce qui dérange chez Baraka City ?

L’ONG islamique aurait récolté 16 millions en trois ans pour des actions humanitaires en direction notamment du Togo, du Bangladesh, de la Palestine et de la Syrie. L’association intervient dans des camps de réfugiés syriens en Turquie. Le profil de ses membres, qui rejettent la qualification de salafistes mais sont des musulmans orthodoxes, rend l’ONG suspecte aux yeux du renseignement. D’autant qu’elle effectue de nombreux allers et retours vers la Syrie. Les locaux de Baraka City en Essonne ont été perquisitionnés à plusieurs reprises, sans résultat. La traçabilité des dons de l’ONG fait aussi débat. Des banques ont refusé l’ouverture d’un compte à Baraka City, ou ont fermé ceux existants.