Tout comme l'an dernier à la même période et au même endroit, la poursuite dans le cyberespace de la lutte antiterroriste était au cœur du discours de Bernard Cazeneuve lors de la 8e édition du Forum international de la cybersécurité, mardi à Lille. Au menu : accents martiaux sur la «guerre totale, une guerre que nous gagnerons», et objectif réitéré d'«entraver l'action et la diffusion de la propagande terroriste» afin de «briser les continuums de radicalisation».
Mais le discours sur les géants du Net, lui, a évolué. L'an dernier, si Cazeneuve évoquait les «contacts privilégiés» noués dans la foulée des attentats contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher, Manuel Valls n'en avait pas moins, dès le lendemain, fait «solennellement» appel à leur «responsabilité morale». Aujourd'hui, le satisfecit est complet sur «la promptitude et la pertinence avec lesquelles ils répondent aux demandes» soumises par les services de Beauvau. Et l'après-13 Novembre a témoigné, juge-t-il, de «l'aide précieuse» qu'ils peuvent apporter en termes de «solidarité nationale et internationale».
En un an, les relations se sont détendues. Depuis le mois d'avril, le «groupe de contact permanent» qui réunit l'Intérieur, la Justice, le secrétariat d'Etat au Numérique et les représentants des grands acteurs français et américains du Net se retrouve deux fois par trimestre, sous la houlette de Jean-Yves Latournerie, préfet en charge de la lutte contre les cybermenaces. Une «plateforme de bonnes pratiques» a permis, a détaillé le ministre, aux autorités françaises d'améliorer les «demandes» - pour des retraits de contenus en ligne ou des requêtes d'informations lors des enquêtes - et aux opérateurs d'être «davantage en mesure d'assurer un traitement spécifique». Ainsi, près de 90 procédures judiciaires ont été initiées en 2015 après des signalements sur la plateforme en ligne du ministère de l'Intérieur, Pharos. Laquelle en a reçu l'an dernier 188 000, contre 124 000 l'année précédente.