Place au compromis ? L'Assemblée nationale s'attaque ce mercredi à la révision constitutionnelle annoncée à Versailles par François Hollande le 16 novembre, trois jours après les attentats, devant les parlementaires réunis en Congrès. Si l'inscription de l'état d'urgence dans la Constitution ne devrait pas faire trop débat, l'examen de l'article 2, qui prévoit d'étendre la déchéance de nationalité pour les binationaux «nés français» condamnés «pour un crime constituant une atteinte grave à la vie de la nation», devrait occuper une bonne partie du temps de la commission des lois et de son président, Jean-Jacques Urvoas (lire ci-contre).
Depuis l'adoption surprise de cette mesure en Conseil des ministres le 23 décembre, nombreux sont les socialistes à éprouver un conflit de loyauté à l'égard de Hollande. Y compris au sein du gouvernement. Officiellement, tous les ministres défendent l'arbitrage du chef de l'Etat. Dans les médias et parfois même en coulisses, ils peuvent soutenir aujourd'hui cette idée. Mais avant le Conseil des ministres du 23 décembre, plusieurs d'entre eux avaient fait connaître en off ou devant leurs proches leurs «convictions profondes» sur un sujet qui touche à certains fondamentaux de l'histoire républicaine de la gauche (égalité de tous les Français devant la loi quel que soit le mode d'acquisition de la nationalité notamment). Si aucun ministre, mise à part Christiane Taubira, n'a été pris en défaut de solidarité à l'égard de Hollande, une majorité d'entre eux est en réalité opposée à la mesure, telle qu'elle est, jusqu'à ce mercredi, formulée.
Précision. Après la publication de cet article et cette infographie, Martine Pinvill, secrétaire d'Etat à l'Artisanat et au Commerce, nous fait savoir qu'elle soutient le projet de gouvernement.