Anne Hidalgo, la maire PS de Paris, venait de terminer ses vœux à la presse avec une liste de réalisations pour 2016 longue comme le bras quand une journaliste du Monde lui a posé une dernière question : «Pensez-vous que la suppression de l'aide [aux transports pour les] étrangers sans papiers bénéficiaires de l'AME [Aide médicale d'Etat, ndlr], décidée par Valérie Pécresse à la région, soit juste et légale ?» Réponse immédiate : «Juste ? Non. Pas du tout.»
«Légale ?» La maire de Paris préfère en expliquer le contexte. «Nous sommes dans l'un des moments où l'on voit la façon dont les opinions publiques peuvent être travaillées par des mouvements qui sont tout sauf républicains.» Prendre une telle décision «comme première mesure pour la principale région européenne, ce n'est pas digne», poursuit-elle. Pour elle, «il ne faut pas faire croire aux Franciliens que la fin des aides pour les bénéficiaires de l'AME aurait des effets d'amélioration sur les les transports publics».
Première fois que l’on entend Paris parler de l’épisode. Annoncée tout au long de sa campagne par Valérie Pécresse, la mesure a été brandie par la nouvelle présidente de la région comme un signe lors du premier conseil régional le 22 janvier. Avant, elle l’avait fait voter par le conseil d’administration du Syndicat des transports d’Ile-de-France qu’elle préside. Même si la gauche n’est plus aux manettes, la ville de Paris verse au syndicat 30% de son budget. Cela donne au moins le droit de râler et c’est toujours plus audible si c’est sur le moment. D’autant plus que les éclats ne semblent pas terminés.
Bataille de chiffres sur le métro du Grand Paris
Outre la fin des tarifs sociaux, Valérie Pécresse veut faire financer par le gouvernement le manque à gagner du passe Navigo à tarif unique. Présente lundi soir aux vœux de la Société du Grand Paris qui construit le futur métro automatique, elle affirme : «J'ai toujours dit que j'avais 300 millions à trouver». «Je ne sais pas où elle est allée chercher ce chiffre car personne ne sait vraiment combien ça va coûter», soupire un des nombreux experts présents. Il reconnaît que «la gauche a laissé un dossier tellement mal ficelé…» que Manuel Valls sera sûrement contraint de financer les crédits manquants. Mais pour ce spécialiste, comme pour bien d'autres, la suppression des aides aux sans-papiers ne rapportera pas 40 à 50 millions d'euros comme le prétend Valérie Pécresse. «11 millions tout au plus…»
Quand ces restes de la campagne seront réglés, peut-être la région pourra-t-elle s'intéresser aux transports. La série des travaux que la Société du Grand Paris va lancer en 2016, c'est passionnant.