Près de quatre années place Vendôme, une loi historique sur le mariage pour tous, et après ? Libre, libérée probablement, que va décider de faire l'ex-ministre de la Justice ? «Parfois résister, c'est rester, parfois, c'est partir», a-t-elle gazouillé pour confirmer et justifier sa démission. Icône à gauche, bouc émissaire à droite et à l'extrême droite, et de plus en plus cache-sexe pour un gouvernement dont elle partageait de moins en moins les options majeures, Christiane Taubira va-t-elle entrer concrètement en dissidence et rejoindre les ex-ministres frondeurs Aurélie Filippetti, Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, et Cécile Duflot ? Ces derniers, qui ne comprenaient plus qu'elle reste au gouvernement, n'ont pas construit grand-chose ensemble depuis leur départ au printemps 2014. Certains à gauche fantasment carrément sur les velléités pour 2017 de celle qui fut candidate à la présidentielle de 2002 (2,32%). Et si elle décidait par exemple de participer, comme Duflot, à la primaire «des gauches et de l'écologie» ? L'un des initiateurs de l'appel #notreprimaire, l'eurodéputé EE-LV Yannick Jadot, en rêve déjà tandis qu'au PS on ne juge pas l'hypothèse crédible.
.@ChTaubira démissionne. Ouf! Une candidate pour @notreprimaire?
— Yannick Jadot (@yjadot) January 27, 2016
Il y a quelques semaines, avant que le nom du ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius ne semble se détacher, celui de Christiane Taubira était régulièrement cité pour une nomination au Conseil constitutionnel. Si la décision du chef de l’Etat – amené à nommer une personnalité politique alors que le président du Conseil, Jean-Louis Debré, quitte la rue de Montpensier – n’est officiellement pas arrêtée, on imagine mal Lionel Jospin, «sage» depuis l’an dernier et qui se verrait bien présider l’institution, ne pas peser de tout son poids pour ne pas voir arriver à ses côtés une femme qu’il tient en partie pour responsable de son élimination au premier tour en 2002. Pour que Lionel Jospin préfère siéger avec Laurent Fabius, longtemps son principal adversaire au PS, c’est que le contentieux avec Taubira est loin d’être soldé.
Au-delà de ces spéculations – une candidature en Guyane lors des législatives de 2017, là où elle fut élue de 1993 à 2012, est aussi imaginée par certains – Christiane Taubira, 63 ans, pourrait tout simplement décider de raccrocher les gants pour, souhaitons-lui, se consacrer à la littérature. Loin des rings politiciens.
[Edit 22h09] Dans l'émission de Michel Denisot «Conversations secrètes», enregistrée samedi dernier, alors que la ministre de la Justice avait déjà décidé de quitter le gouvernement, et dont Canal+ a avancé la diffusion à ce mercredi en prime time, Christiane Taubira écarte l'idée de participer à une primaire («non, c'est absolument sûr») et confie: «Maintenant je veux être entourée de mes livres en Guyane sous un dôme de lumière.» Elle évoque aussi les chansons qu'elle écrit: «Il y a un disque masterisé prêt depuis 3 ans».