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Libération
EDITORIAL

Combats

La taxe tampon n’est qu’un début.
publié le 28 janvier 2016 à 19h01

Il y aurait d’un côté les grandes luttes du féminisme (le droit de disposer librement de son corps, le droit de vote…), et les chicaneries (la «taxe tampon», la fin de l’utilisation de «mademoiselle», etc.). Outre qu’on se sent personnellement assez mal placé pour dire à une femme comment elle entend mener son combat pour l’égalité, reconnaissons que les batailles tactiques des militantes féministes ont des avantages, pas uniquement symboliques.

Prenons l’exemple de la taxe tampon. Premier avantage : faire baisser le prix d’un produit de première nécessité pour les femmes, qui se chiffre en centaines d’euros dépensés au bout d’une vie. Une double peine que la justice fiscale a eu du mal à effacer. Second avantage : faire prendre conscience, de façon concrète, que l’égalité n’est pas du tout au rendez-vous, surtout pour les petites choses du quotidien (non, ce n’est pas la même chose que la mousse à raser, n’y pense même pas, l’ami). Derrière la taxe tampon, il y a toute une lutte contre le marketing «genré». Pourquoi les produits labellisés «pour femmes» coûtent-ils plus cher que les produits qui ne le sont pas ? Un rasoir (même rose) reste un rasoir. A produit égal, prix égal !

Elle montre aussi aux femmes, qui ne se disent pas féministes au nom d’une prétendue «féminité» (qui s’opposerait aux féministes forcément masculines et anti-hommes), qu’elles sont les cibles de discriminations qu’il faut combattre. Elle met aussi en lumière la condescendance, l’humour gras double et le mépris dont font preuve certains hommes sur les sujets qui touchent les femmes. La lutte pour l’égalité passe aussi par ces petits combats du quotidien, du partage des tâches au harcèlement dans la rue. La taxe tampon n’est qu’un début.