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Libération
Bruit

Dans les régions, le FN entre «vigie» et provoc

Un mois après leur entrée en force dans les conseils régionaux, les élus frontistes en mal de responsabilités donnent volontiers dans le coup d'éclat.

Xavier Bertrand, dans l'hémicycle de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, le 4 janvier, à Lille. (Photo Denis Charlet. AFP)
Publié le 29/01/2016 à 12h41

En campagne pour les élections régionales, fin 2015, Marine Le Pen avait promis un «maximum de barouf» si le son parti l'emportait en Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Le FN a finalement été surclassé par le candidat LR, Xavier Bertrand, et Marine Le Pen n'était pas présente, jeudi, dans l'hémicycle régional. Pas de quoi empêcher ses troupes de se distinguer par leur virulence. Selon le Monde, des suites judiciaires pourraient être données aux propos tenus dans la soirée par l'élu FN Jacques Danzin : «Vous nous prenez pour des niakwés ?» a lancé celui-ci à l'adresse de l'exécutif régional. Une interpellation aussitôt consignée par le vice-président LR, Gérald Darmanin :

La saillie avait été précédée par un virulent discours de Philippe Eymery, président du groupe frontiste, pour réclamer «le démantèlement des camps de migrants de Calais et Grande-Synthe et l'expulsion systématique de toute personne présente illégalement» sur le territoire. «Vous êtes coresponsables de cette situation. […] Un jour, l'histoire vous jugera», a-t-il lancé à l'adresse de Xavier Bertrand, ajoutant : «François Hollande vous a mis là où vous êtes aujourd'hui. […] Il tient la corde dont vous êtes le pendu.»

S’il n’a remporté aucune région, le FN compte désormais 358 représentants régionaux. Un nombre inédit pour lui, et supérieur à celui des élus socialistes. En Nord-Pas-de-Calais et Paca, le Front national représente même la seule opposition, après le retrait du PS entre les deux tours du scrutin. Le parti d’extrême droite reste toutefois condamné à l’impuissance, puisqu’il n’est nulle part associé aux majorités régionales et que ces dernières le tiennent à l’écart des postes de représentation. A quelques exceptions près, comme en Bourgogne-Franche-Comté : sous la menace d’une action judiciaire frontiste, la majorité de gauche y a accepté la présence de représentants FN dans les conseils d’administration des lycées.

Pour le reste, les groupes régionaux FN ne peuvent guère revendiquer qu’un rôle de «vigie» vis-à-vis des majorités de gauche ou de droite. Rôle ingrat qui les condamne à de réguliers coups d’éclat pour affirmer leur différence et faire parler d’eux. En Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne, c’est au nom du bon sens budgétaire que les frontistes ont bruyamment refusé les iPhones proposés par la région à ses élus. Tout en conservant les tablettes de la même marque.