L'ONG Baraka City enflamme les esprits. Tout le monde en parle depuis la prestation de son président, Idriss Sihamedi, face à la ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, dimanche sur Canal +. Il était invité sur le plateau du Supplément pour parler de Moussa Ibn Yacoub. Cet humanitaire français, membre de Baraka City, est incarcéré au Bangladesh depuis le 22 décembre : une éternité.
Depuis qu'Idriss Sihamedi est apparu incapable de dénoncer clairement les agissements de l'Etat islamique «pour ne pas mettre en danger mes collègues de Baraka City sur le terrain en Syrie», explique le Président de l'ONG à Libération, le sort de Moussa Ibn Yacoub est passé au second plan. Les finances, les activités et les mots du président de Baraka City prennent le dessus. Le buzz a supplanté la cause. Le tout sous le regard de la famille de l'humanitaire de 28 ans qui observe la polémique et perd encore un peu plus le contrôle sur une situation qu'elle subit depuis le départ.
Moussa est originaire de Montreuil (Seine-Saint-Denis). Il est parti sur place pour venir en aide aux Rohingyas, une minorité musulmane persécutée en Birmanie et non reconnue au Bangladesh. La justice locale lui reproche deux choses. La première, son nom d’usage : Moussa Ibn Yacoub, adopté lors de sa conversion à l’islam, diffère de celui figurant sur ses papiers officiels, Puemo Maxime Tchantchuing. La seconde, son activité humanitaire : il est entré dans le pays avec un visa touristique. Ce n’était pas sa première mission dans l’humanitaire : son CV est long comme un jour d’été - Roumanie, Birmanie, Syrie, Palestine, mais aussi France, avec des actions en faveur de SDF.
Depuis son arrestation, la France, sans faire de bruit, se mobilise. Le Quai d'Orsay multiplie les échanges avec la famille, et le consul au Bangladesh suit le dossier sans relâche. Pas suffisant. Mercredi, son appel a été rejeté par le juge. Moussa reste derrière les barreaux en attendant son procès, qui doit se tenir, au mieux, en avril. Un nouveau coup de marteau sur la tête de la famille qui envisage de se rendre sur place dans les prochains jours. Le député de Seine-Saint-Denis Razzy Hammadi pourrait faire partie du voyage (lire sur Libé.fr).