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Libération
édito

Et soudain la droite se souvint des agriculteurs

Laurent Wauquiez affirme «comprendre la détresse des agriculteurs qui travaillent des heures et des heures par semaine, qui sont méprisés par le ministre de l’Agriculture et qui, à l’arrivée, n’arrivent plus à sortir la moindre rémunération». (Photo Romain Lafabregue. Afp)
Publié le 03/02/2016 à 18h41

Les agriculteurs ont failli attendre. Alors que la crise agricole, qui a commencé l’été dernier avec la plongée du prix du porc français sous sa ligne de flottaison économique, s’enlise, entraînant dans son sillage les producteurs de lait et les éleveurs de bovins, les ténors de la droite décident de se rendre au chevet des paysans. Comme un seul homme mais, bien entendu, en ordre dispersé.

Pourquoi ont-ils tardé à se réveiller ? Première hypothèse : les écrivains de Les Républicains (Juppé, Sarkozy, Fillon, Copé et Le Maire) étaient à l’ouvrage pour le Goncourt. Deuxième hypothèse : les bruyants appels à l’aide des éleveurs et des producteurs laitiers hexagonaux depuis des mois, pourtant largement relayés par les médias, ne sont pas parvenus aux oreilles de ces candidats à la primaire à droite.

Jusqu'à ce qu'ils se souviennent d'un détail : le monde paysan leur est traditionnellement et historiquement acquis. Et s'ils ne veulent pas se faire déborder politiquement par leur droite extrême, il était temps de manifester bruyamment leur soutien à la profession. Alors que les agriculteurs durcissent leurs actions, Alain Juppé s'est rendu mercredi chez un producteur de porcs en Ille-et-Vilaine, quand Nicolas Sarkozy, depuis Paris, demandait «un plan Marshall pour revitaliser la France rurale», chiffré à quelque 10 milliards d'euros. Dans la matinée, Gérard Larcher, président (LR) du Sénat, a estimé que «cette jacquerie [était] un cri d'alarme». De son côté, Laurent Wauquiez, nouveau président (LR) de la région Auvergne-Rhône-Alpes et numéro 2 de Les Républicains, a, lui, affirmé «comprendre la détresse des agriculteurs qui travaillent des heures et des heures par semaine, qui sont méprisés par le ministre de l'Agriculture et qui, à l'arrivée, n'arrivent plus à sortir la moindre rémunération».

Il était temps. Car en début d'après-midi, Marine Le Pen réclamait une «forme intelligente de protectionnisme agricole» face à «la concurrence déloyale massive des produits étrangers» sur le marché français qui «tirent les prix vers le bas». Pour mémoire, selon l'institut Ipsos, le Front national a recueilli 35 % des suffrages des agriculteurs aux dernières régionales.