Menu
Libération
Éditorial

Ecoles marseillaises : la pirouette pas très classe de la mairie

Publié le 04/02/2016 à 20h02

Quand on n'a pas la réponse à une question, on déplace le sujet sur un autre terrain. Une pratique bien connue des politiques. C'est ce que la municipalité de Marseille s'est employée à faire jeudi, lors d'un déjeuner avec la presse (lire notre article sur libération.fr), trois jours après la publication par Libération d'un dossier accablant sur l'état des écoles de la ville, dont l'entretien incombe à la mairie. Pourquoi les enseignants sont-ils obligés de demander aux parents de glisser du papier toilette dans les cartables ? Pourquoi faut-il, au cœur de l'hiver, venir en classe vêtu de trois polaires et d'un anorak tant il fait froid dans certaines écoles ? Pourquoi un gymnase reste-t-il en chantier plus de douze ans ? Au lieu d'apporter des réponses de fond, la municipalité s'est contentée d'accuser Libération de s'être livré à une «manipulation politicienne». Argument tellement facile qu'il prêterait à sourire si la santé et l'instruction de milliers d'enfants n'étaient pas en jeu.

Rappelons que cette enquête a été déclenchée par le témoignage d'une enseignante de Marseille qui a tant atterré nos deux reporters, Marie Piquemal et Stéphanie Harounyan, que celles-ci ont voulu en avoir le cœur net. Elles ont alors enquêté sur place, multipliant et recoupant les entretiens avec les enseignants, les parents d'élèves et les directeurs d'école. Elles ont visité cinq écoles et raconté scrupuleusement ce qu'elles ont vu. Depuis la publication de ce dossier, les témoignages d'enseignants affluent à Libération, confirmant tous l'état de délabrement de nombre d'écoles marseillaises. Preuve que cela ne concerne pas que «deux ou trois écoles» comme s'en défendait cette semaine le sénateur et maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin. Et d'ailleurs, même si cela ne concernait qu'une école, le problème mérite bien mieux qu'une pauvre pirouette.