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DPDA

Hollande interdit à ses ministres le débat avec Sarkozy

Le chef de LR voulait un membre du gouvernement face à lui et non pas le n°1 du PS Jean-Christophe Cambadélis pour conclure l'émission «Des paroles et des actes» ce jeudi soir.

Nicolas Sarkozy à Paris le 3 février. (Photo Dominique Faget. AFP)
Publié le 04/02/2016 à 18h22

Pas de débat avec Sarkozy. La consigne est venue de l'Elysée: aucun membre du gouvernement ne devait se présenter ce jeudi soir, sur le plateau de Des paroles et des actes pour porter la contradiction à l'ancien chef de l'Etat. L'entourage de François Hollande a fait valoir que les ministres avaient du travail et que s'il cherchait un contradicteur, le chef de LR n'avait qu'à se tourner vers son homologue du PS, Jean-Christophe Cambadélis.

Aussitôt démentis, les noms d’Emmanuel Macron puis de Marisol Touraine avaient brièvement circulés en début de semaine. Mercredi, il semblait acquis que le secrétaire d’Etat chargé des Relations avec le Parlement Jean-Marie Le Guen serait, face à Sarkozy, dans le traditionnel débat qui conclut l’émission de France 2.  Cette solution semblait logique : le même Le Guen n’avait-il pas été le contradicteur d’Alain Juppé lors du passage de ce dernier à DPDA, en octobre 2014?

Deux mois après l'annonce de sa candidature à la primaire, cette émission avait été pour le maire de Bordeaux un tremplin important dans sa reconquête de l'opinion. Outre Le Guen, il avait été opposé, ce soir-là, à Marion Maréchal Le Pen, second contradicteur choisi par France 2 : «Nous n'avions aucune exigence. Nous n'avons récusé personne», précise l'entourage d'Alain Juppé.

Au minimum un ministre

Sarkozy, lui, tenait à avoir en face de lui au minimum un ministre. «Pour débattre de la politique menée par le gouvernement depuis le début du quinquennat», précisent ses proches. C'est pourquoi il n'était pas question pour lui d'accepter de se retrouver face à Cambadélis. Depuis qu'il s'est fait élire chef de l'UMP, Sarkozy a toujours refusé de traiter le premier secrétaire du PS comme un homologue. Il a même feint, à plusieurs reprises, de ne pas connaître son nom. Sarkozy et Cambadélis ne se seront retrouvés qu'une seule fois: pour dénoncer ensemble auprès du CSA l'invitation de Marine Le Pen sur France 2 le 23 octobre, cinq jours avant le début de la campagne pour les élections régionales. Ironie de l'histoire, il s'agissait, déjà, d'un Des paroles et des actes - qui n'avait finalement pas eu lieu.

Si l'objectif du boycott gouvernemental est d'affaiblir Sarkozy en ternissant son passage à cette émission, il n'est pas sûr que Hollande l'atteigne. Dans l'entourage de l'ancien chef de l'Etat, on s'amuse plutôt de cette agitation, jugée révélatrice de l'inquiétude face à un concurrent redoutable. «C'est donc ça, l'unité nationale selon Hollande?», feint de s'étonner un sarkozyste. Le sénateur LR Pierre Charon n'a pas su résister à la tentation de ce tweet : «Moi Président, je ne pensais pas être entouré de couilles molles qui refusent le débat avec Nicolas Sarkozy».