Elle l'a dit, elle le fait : sitôt conclues ses deux dernières allocutions au siège du FN, en janvier, Marine Le Pen a quitté la salle sans un mot supplémentaire pour les journalistes. «Vous me verrez peu cette année», avait-elle prévenu. Désormais tournée vers la présidentielle, celle-ci a décidé de consacrer les prochains mois à une série de rencontres de terrain «avec toutes les composantes de la société». De quoi nourrir son futur projet présidentiel, mais aussi soigner une image personnelle encore largement négative. Dans le «baromètre des personnalités politiques» Ifop-Paris Match de décembre, 69 % des sondés déclaraient ainsi avoir une «mauvaise opinion» de Marine Le Pen, dont 45 % de «très mauvaise opinion» - le pire résultat parmi les cinquante personnalités du panel. De quoi justifier un travail sur l'image de l'eurodéputée, auquel doit contribuer cette (temporaire) pause médiatique.
Une diète que la présidente du FN peut se permettre : ne souffrant d’aucun problème de notoriété, elle se voit en outre servie par les événements. Et notamment par la crise migratoire et le psychodrame autour de la déchéance de nationalité : deux sujets sur lequel le FN n’a même pas à forcer la voix, tant sa grille d’analyse semble avoir infusé dans la société, et même parmi les partis concurrents.
L'actuelle mobilisation des agriculteurs est aussi l'occasion pour le parti de pousser son discours protectionniste. «Relax ! C'est l'image de l'année, laissons les autres s'agiter dans le marigot», plaisantait en début d'année un cadre frontiste, cité par l'AFP. Autre événement scruté par le FN : le référendum britannique sur l'appartenance à l'Union européenne, promis par le Premier ministre, David Cameron. De quoi montrer, espère le Front, qu'il est possible d'obtenir de substantielles concessions de la part de Bruxelles ou d'organiser une sortie de l'UE en respectant les canons démocratiques. Et si le FN se prépare lui-même à un débat interne, celui-ci pourrait sembler peu de chose comparé aux fractures de la gauche. Ou à la primaire de la droite «qui va saturer les médias, mais de manière extrêmement négative», juge-t-on au Front..