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Libération
édito

Isabelle Kocher, une femme à la tête d’Engie ? Trop pour le CAC 40 !

Isabelle Kocher, directrice générale déléguée d'Engie, le 17 décembre 2015 à La Défense. (Photo Jérôme Bonnet)
Publié le 05/02/2016 à 19h51

Isabelle Kocher ne sera donc pas PDG du groupe Engie (ex-GDF Suez), elle n'en sera «que» DG (directrice générale). L'actuel patron, Gérard Mestrallet, qui faisait le siège de l'Etat actionnaire depuis des mois pour être prolongé à son poste de président malgré la limite d'âge de 67 ans - qu'il atteindra en mai -, est parvenu à ses fins. Ségolène Royal a annoncé vendredi qu'il allait devenir, en mai, «président non exécutif d'Engie avec une rémunération symbolique». Nous n'avons rien de particulier contre Gérard Mestrallet mais le message qu'il envoie, et l'Etat actionnaire avec lui, est désastreux. Voilà une femme, Isabelle Kocher, qui était prépositionnée pour prendre les rênes d'un grand groupe et devenir la première femme PDG d'une entreprise du CAC 40 et patatras, on trouve le moyen de la mettre sous tutelle. Certes, c'est Mestrallet lui-même qui lui a donné sa chance, la désignant dès 2014 comme celle qui allait lui succéder, au détriment de Jean-François Cirelli, qui briguait le poste. Et c'est bien d'une promotion dont elle va bénéficier puisque, de directrice générale déléguée, elle va passer directrice générale, en charge de la direction opérationnelle du groupe. Mais quelle va être sa marge de manœuvre avec son mentor dans le dos ? Si l'on en croit les Echos de vendredi, les relations entre les deux se seraient déjà tendues. Cette situation duelle est fréquente à la tête des grands groupes. Chez Total, l'ex-patron Christophe de Margerie a d'abord été DG, travaillant main dans la main avec un Thierry Desmarest président du conseil de surveillance. Mais celui-ci avait su s'effacer. Mestrallet, qui ne semble pas supporter l'idée de renoncer au pouvoir, aura-t-il cette discrétion, lui qui dirige le groupe depuis vingt ans et représente une figure du monde des affaires ? Pour un portrait (Libération du 6 janvier), nous avions rencontré Isabelle Kocher à deux reprises en décembre et interrogé des salariés d'Engie. La plupart la considèrent comme légitime et compétente. Le drame, c'est que cette immense bosseuse arrivée en 2002 dans le groupe, discrète et exigeante, va devoir redoubler d'efforts pour avoir une chance de s'imposer. Le plafond de verre n'a pas de limite.