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Libération
Conflit

Duflot à Valls : «Qu'il ne croie pas qu'il va m'impressionner»

Déchéance de nationalité, la polémiquedossier
Sous le feu des critique pour son évocation de Vichy vendredi à propos de la déchéance de nationalité, la coprésidente du groupe EE-LV revendique son «analyse historique» et crie à la «cabale» téléguidée par Matignon.
Cecile Duflot à l'Assemblée nationale, vendredi. (Photo Lionel Bonaventure. AFP)
publié le 7 février 2016 à 16h47

Quand elle appartenait au gouvernement Ayrault, Cécile Duflot revendiquait de ne pas avoir de muselière. Désormais, la députée EE-LV dénonce les «bouledogues aboyeurs» que le Premier ministre, Manuel Valls, aurait lâchés sur elle. Depuis qu'elle a mis en exergue vendredi dernier à la tribune de l'Assemblée le fait que le dernier régime à avoir «massivement utilisé» la déchéance de nationalité avait été celui de Vichy – s'attirant illico des huées sur les bancs socialistes et une remontrance de Manuel Valls –, la coprésidente du groupe EE-LV au Palais-Bourbon est sous le feu nourri des critiques.

Dimanche sur Radio J, le député écolo François de Rugy, ex-EE-LV désormais président de Ecologistes ! et soutien du gouvernement qu'il souhaiterait intégrer, a ainsi enjoint Duflot à s'excuser pour son «parallèle scandaleux» en pointant de sa part une «entreprise qui consiste à tuer le débat en disqualifiant ceux qui ne sont pas d'accord». La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a, elle, jugé sur Europe 1 les propos de son ex-collègue à la fois «incompréhensibles» et «inacceptables» : «Je veux croire que ses mots ont dépassé sa pensée.»

Autoritarisme de Valls

Réponse du tac-au-tac de Duflot : «Non seulement mes mots sont le reflet exact de ma pensée, qui est une analyse historique sur ce qu'est la déchéance de nationalité, mais je les maintiens tous». Sur Twitter, la députée a écrit : «Soit [Marisol Touraine] ne les a pas écoutés ni lus [ses propos, ndlr], soit elle participe d'une cabale assez indigne… Tout cela est médiocre et détestable.» Et a rappelé, à raison, qu'elle avait justement souligné devant l'Assemblée qu'il ne «s'agi[ssai]t pas de faire des parallèles hasardeux». Jugeant par ailleurs «indécent[e]» la demande d'excuse formulée par Rugy, Duflot cible surtout Manuel Valls: «Le Premier ministre de la France, dans l'Hémicycle, a falsifié mes propos et a monté et organisé une polémique artificielle […], une cabale, […] il ment.»

Plus largement, c'est l'autoritarisme du locataire de Matignon, peu adepte de la contradiction et encore moins tolérant avec la dissidence, que Duflot dénonce. Elle sait d'ailleurs être menacée aux prochaines législatives par une candidature socialiste dans la circonscription où elle a été élue en 2012 (dans le cadre d'un accord national avec Solférino) et qui viendrait la sanctionner si elle se présentait au premier tour de la présidentielle de 2017. «Manque de bol, je suis là et je suis debout», rétorque-t-elle en lançant à Valls, bravache : «Qu'il ne croie pas qu'il va m'impressionner».