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Libération

Invités sulfureux décommandés : à Lille, l’UOIF joue l’apaisement

Publié le 07/02/2016 à 19h51

Souriant, serrant chaleureusement la main des femmes, Amar Lasfar, le président de l'UOIF (Union des organisations islamiques de France, proche des Frères musulmans), se veut rassurant. «C'est un nuage passager», dit-il à propos de la polémique qui a fait rage toute la semaine passée. Présidée aussi par Lasfar, la Ligue islamique du Nord (la branche régionale de l'UOIF) a été obligée de déprogrammer, à la dernière minute, trois conférenciers qui devaient intervenir dimanche à son rassemblement de Lille. Le député du PJD marocain (le Parti de la justice et du développement, d'inspiration islamiste, au pouvoir à Rabat) Abouzaïd al-Mokri, le Syrien Mohammed Rateb al-Nabulsi et le Saoudien Abdallah Salah Sana'an sont devenus persona non grata sous la pression politique.

Au sein de l'organisation, qui tenait également son colloque de réflexion annuel, samedi à Paris, la polémique fait naître l'incompréhension. «Ces trois personnes sont déjà venues en France sans que cela n'ait suscité des controverses», entend-on dans la bouche de plusieurs hauts responsables de l'UOIF. De fait, l'invité saoudien visite régulièrement la France. Abdallah Salah Sana'an est un récitateur du Coran très connu et apprécié.

En revanche, le cas Al-Nabulsi est plus complexe. Il est intervenu régulièrement au grand rassemblement annuel du Bourget, la manifestation phare de l'UOIF. En 2011, il a laissé entendre sur la chaîne de télé du Hamas que l'homosexualité était passible de la peine de mort. «L'UOIF n'a pas pris la mesure du climat créé par les attentats de 2015. Il y a des choses que l'on ne peut plus faire», remarque un des principaux responsables musulmans français.