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Libération
Reportage

Ecoles délabrées de Marseille : Gaudin promet 9 millions d'euros

Devant les élus marseillais, le maire, Jean-Claude Gaudin, a une nouvelle fois accusé la presse de «manipulation» tout en prenant une série de mesures pour remédier en urgence à la situation calamiteuse dans certains établissements scolaires.

Jean-Claude Gaudin lors du conseil municipal de marseille, lundi 8 février. (Photo Patrick Gherdoussi pour Libération)
ParStéphanie Harounyan
correspondante à Marseille
Publié le 08/02/2016 à 12h21, mis à jour le 08/02/2016 à 12h38

Comme prévu, la séance du conseil municipal de Marseille ce lundi a été perturbée par le sujet de l'état des écoles de la ville, après que le dossier est revenu sur la table via les médias la semaine dernière. Et comme prévu, le maire de Marseille a repris les arguments soutenus par ses lieutenants. Dénonçant tout à la fois «un grand quotidien national qui se livre à une manipulation des faits» – Libération avait fait sa une la semaine dernière sur les écoles marseillaises, «honte de la République» –, «un gouvernement qui se vautre dans l'exploitation de cette campagne de presse», le maire LR a fustigé «ce nouvel avatar du Marseille bashing», assurant encore que sur le terrain, le travail était fait dans les 444 établissements scolaires que compte la ville.

Il faut lire entre les lignes pour voir tout de même un léger changement de posture du côté de la municipalité. Sur la complexité du système de remontée des travaux à réaliser, par exemple, qui use les directeurs d'école confrontés à de nombreux services. «Je demande à ce que les choses soient simplifiées pour que les directeurs disposent d'un numéro unique», a suggéré le maire.

Concernant les travaux d’urgence à réaliser, tout en rappelant la baisse des dotations de l’Etat, Jean-Claude Gaudin a indiqué qu’un programme était actuellement à l’étude pour reconstruire une douzaine d’écoles via des partenariats public-privé. La nouvelle convention de coopération financière que le conseil départemental (désormais à majorité LR) s’apprête à conclure avec la ville permettrait de dégager des fonds pour construire de nouvelles écoles.

Dernier effort: si l'aide supplémentaire de 9 millions sur trois ans que compte accorder l'Etat à la ville pour soutenir les activités périscolaires se confirme, le maire promet de faire un «effort équivalent pour des travaux supplémentaires, notamment liés à toutes les demandes urgentes dans les écoles».

Tout en renvoyant une nouvelle pique au ministère de l'Education nationale, qui a demandé au préfet une mission d'évaluation des écoles. «J'invite les commissaires à visiter les 444 écoles avec un petit carnet et à noter tout ce qu'il y a à faire, cela nous simplifiera la tâche. Mais je les invite aussi à venir avec un carnet de chèques ! Tant mieux si nous bénéficions de nouveaux crédits complémentaires sur la politique de la ville ou toute autre typologie d'action, nous prendrons volontiers ce concours financier supplémentaire en disant merci.»

Travaux d’urgence et visites d’écoles

Au vu de ces différentes annonces, on pourrait penser que le maire a pris davantage la mesure de la situation. D'autant que ce matin, des parents d'élèves et des responsables du Snuipp, le syndicat des enseignants du primaire, avaient fait passer aux élus les premières remontées des témoignages qu'ils ont recueillis la semaine dernière dans près de 143 écoles. Il n'en est rien. Tout au plus, le maire a reconnu «peut-être des erreurs en matière d'explications, de réponses à des demandes, de communication». C'est pour y remédier qu'il propose, dès ce lundi après-midi, une visite des écoles mentionnées dans la presse. «Vous irez voir exactement la réalité de ce que vous prétendez dépeindre dans certains articles. Et là, vous comprendrez.»

Parmi les écoles choisies pour cette visite, à laquelle aucun élu n'assistera mais qui sera menée par des hauts fonctionnaires et des techniciens : le groupe scolaire HLM Perrin – celui que l'enseignante Charlotte Magri avait dépeint dans sa lettre à la ministre envoyée en novembre – l'école Saint-Louis Consolat, l'école maternelle Granière et le groupe scolaire Kallisté. C'est justement dans ces écoles, ainsi que dans la plupart de celles que la mairie propose de visiter optionnellement (National, Ruffi, Accoules, Plan d'Aou…), que des travaux d'urgence ont été réalisés en fin de semaine dernière, après la parution des différents articles dans les médias.