Une nouvelle fois, les experts se sont mis le doigt dans l'œil. Lancée dans Libération par une poignée d'intellectuels et d'électrons libres de la politique, l'idée d'une primaire de toute la gauche avait évidemment fait ricaner les spécialistes de l'à-quoi-bonisme. Une primaire ? Idée farfelue, utopique, naïve, etc. Un mois plus tard, tout le monde a dit oui, ou presque : les Verts, le PCF, le PS, beaucoup de militants et, surtout, comme le montre notre sondage, une écrasante majorité du peuple de gauche. Rien ne dit aujourd'hui que cet assentiment spectaculaire débouchera sur quelque chose. Les conditions posées par les uns ou les autres, les difficultés de calendrier, les logiques d'appareil et, surtout, les arrière-pensées qui sous-tendent les paroles publiques, sont autant d'obstacles qui se dressent encore sur la route de cette consultation aussi séduisante que virtuelle. Mais l'affaire prend corps. Quelle affaire ? Certainement pas une primaire au rabais qui aurait pour fonction de régler des comptes, d'intenter des procès en sorcellerie ou de sauter par-dessus l'échéance de 2017 en pensant que de l'échec sortira - quand ? - une victoire. Une primaire suppose - par définition - deux conditions élémentaires : aucune exclusive, et bien au contraire la volonté de chercher ce qui unit plus que ce qui divise ; l'engagement formel de se ranger, une fois le débat terminé et le vote effectué, derrière le ou la candidate que le peuple aura désigné dans un scrutin sincère et aussi massif que possible. A ces deux conditions, la gauche retrouvera un espoir.
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